5e DIMANCHE DE PÂQUES (B) 2024

28 avril 2024

  • Frère Jean François	CROIZÉ Frère Jean François CROIZÉ

Introduction : Nous sommes dans l’action de grâce pour ce pèlerinage diocésain à Lourdes, qui regroupait 800 personnes, des jeunes, des malades, des adultes, qui sont allés à Lourdes pour retrouver ce chemin de la confiance avec Marie, qui nous conduit à Jésus.

Hé bien, en ce 5ème dimanche, du temps pascal, nous sommes à mi-chemin entre Pâques et la Pentecôte. C’est un temps particulier où, les disciples ont du apprendre à reconnaitre dans l’humanité de Jésus, sa divinité. Ce n’est plus le Jésus tel qu’ils l’ont connu au quotidien, mais c’est le Seigneur ressuscité. Il est Seigneur, et donc ce renouvellement, dans la reconnaissance de Jésus, les a contraints quelque part, orientés à intérioriser son enseignement, celui de l’Amour de Dieu pour chacun, et de demander dans la confiance son Esprit Saint, qui nous donne de vivre et de témoigner de la grâce de notre Baptême. Nous sommes enfants de Dieu, c’est-à-dire, que nous avons tous le même Père qui nous demande de vivre de cette communion de charité.

Hé bien, entrons dans la célébration du mystère de l’Eucharistie, en reconnaissant que nous sommes enfants de Dieu, que nous avons besoin du pardon, et de grandir dans la communion.

 

HOMÉLIE : Père Jean-François

Chers frères et sœurs, qu’est-ce que ça fait du bien de revoir le soleil ! Le soleil réchauffe le corps, et qu’est-ce qui réchauffe le cœur ? Je crois que c’est l’amour. L’amour, c’est le soleil de notre cœur. Un soleil, c’est un astre en feu, ce feu nous devons l’avoir dans le cœur, ça s’appelle la charité. Je me demande si ce n’est pas cela la lecture de ce jour ? Oui, comment pourrions-nous définir ce que le Seigneur veut nous faire entendre aujourd’hui ? Il me semble que nous pourrions entendre, cette parole de St Jean :

  • «  Vous devez aimer en actes et en vérité »

Et comment aimer ? Et St Jean nous dit que ce n’est pas dans des paroles, des discours, mais en posant des actes, des actes. Huit fois dans l’Evangile, Jésus demande de demeurer, demeurer, c’était l’invitation de Jean et André lors de leur première rencontre, « ils demeurèrent », deux fois dans la deuxième lecture, dans l’épître de St Jean. Et nous nous souvenons de ce que St Jean-Paul II écrivait dans les tâches de la famille chrétienne :

  • « Nous avons été créés par Amour et nous sommes appelés à vivre dans l’Amour »

Or, nous dit St Jean, quand on se trouve en face de Dieu, forcément, cela nous ramène à notre cœur, et notre cœur par rapport à Dieu, peut éprouver de la crainte, peut éprouver de la peur et voir en lui-même ce qui le distancie de Dieu, c’est-à-dire son péché. Le péché est une rupture. Cela nous fait comprendre que nous-mêmes, nous ne pouvons pas finir d’aimer, nous ne le pouvons pas. Seul Dieu, nous aime totalement en nous et par nous. Et comment Dieu peut-il aimer en nous ? En accueillant son Esprit-Saint, c’est ce que St Jean nous dit. C’est Lui, qui nous établira dans cet amour, dans la vérité, dans l’amour. Et pour cette tâche, St Jean nous dit  qu’il nous faut demeurer dans l’amour de Jésus. C’est le leitmotiv de toutes ses lettres.

Comment demeurer ? Jésus nous l’explique par une métaphore :

  • « Je suis la vigne », dit-il.

Une vigne se compose d’un cep, d’un sarment, qui donne son fruit, le raisin, ça, c’est ce qu’on voit extérieurement. C’est ainsi, que le Seigneur nous demande de demeurer en Lui, pour porter du fruit. Mais comment cela se passe pour la vigne ? Comment est-ce que cela se passe ? D’accord, porter du fruit c’est ce que l’on voit, mais quel est le mouvement intérieur là-dedans ? Et nous savons que la vie de la vigne c’est la sève, c’est-à-dire, cette nourriture que la plante va puiser dans le sol, cette sève qui va monter le long du tronc, dans le cep, passer dans l’écorce, les sarments. Cette sève, va se trouver exposée dans la partie vulnérable et fragile de la plante, dans la feuille, et là, précisément, sous l’action de la lumière, la sève se transforme en suc. Il faut qu’elle soit transformée par une source extérieure, la lumière, et c’est ce qui nourrit la plante, et c’est la lumière du soleil donc, qui transforme la sève en suc, qui va nourrir la vigne et lui fait faire porter son fruit, le raisin.

Qu’est-ce qui nous nourrit, nous ? Quelle est notre nourriture ? Jésus nous invite à vivre de sa Parole, et sa Parole doit porter du fruit, et son fruit c’est l’amour, c’est la charité. C’est une opération qui s’appelle la photosynthèse, et pour nous, c’est la même chose. Il faut que nous acceptions de nous exposer à la lumière de Dieu, à l’amour de Dieu, pour que l’Esprit-Saint nous infuse sa grâce. La grâce c’est la sève, c’est la grâce de Dieu qui nous fait porter du fruit, qui fait que notre foi grandit et s’épanouit.

C’est ce qui est arrivé à Paul, Paul qui était parti de Jérusalem comme persécuteur de ceux qui croyaient en Jésus, qui est allé à Damas, et là, il a fait la rencontre éblouissante du Seigneur, comme un soleil. Il a été transpercé, transformé, il a reçu le Baptême, l’Esprit-Saint, ce n’était plus le même homme. Il se battait pour des rites. Il a rencontré l’amour qui lui a fait vivre autrement cette relation. Il est revenu à Jérusalem, et avec la foi passionnée d’un converti, il va bousculer les habitudes de la communauté de Jérusalem, qui s’était habituée à vivre entre eux, à vivre de la foi au Christ ressuscité bien sûr, mais seulement qui avait tendance à se refermer sur elle-même. Il est arrivé comme un turbulent dans une communauté qui voulait le calme, pas de vague. L’Esprit-Saint va lui envoyer Paul.

Il faut dire, que la communauté chrétienne était encore sous le traumatisme de la mort d’Etienne. Et lorsque Paul, mu par l’Esprit-Saint, a commencé à évangéliser, la communauté n’a pas pu suivre, et elle a demandé à Paul de partir à Tarse, parce qu’il y avait un risque. Et le risque n’était pas mince parce que les Juifs, voulaient la mort de Paul, et la communauté voulait sa sécurité, et la sienne d’abord, et c’est ainsi, qu’il est reparti dans sa ville natale à Tarse. Il va y rester pendant de longues années. C’est Barnabé qui va aller le rechercher.

Dans les actes des apôtres, il nous est dit que l’Eglise vivait en paix. Elle était en marche, bien sûr, c’est-à-dire qu’elle se développait, elle était en pèlerinage, et l’Esprit-Saint agissait en elle.

Ce qui dépend de nous, c’est cette ouverture à cet amour de Dieu, au travail de la grâce pour que l’Esprit-Saint puisse agir. S’il n’y a pas la charité, il n’y a pas d’action de l’Esprit-Saint, il faut accepter de se laisser un peu bousculer, changer.

Deuxièmement, en prenant davantage conscience de la présence de Dieu en nous, il faut un cœur plein de reconnaissance, donc le sentiment d’une pauvreté intérieure, d’un accueil, d’une ouverture, d’une capacité à quémander, à recevoir, un cœur de pauvre, qui cultive la gratitude, car un cœur reconnaissant est un cœur fidèle, heureux d’être aimé de Dieu et d’aimer ses frères, heureux d’être un ami du Christ qui veut, non pas des serviteurs, mais des amis. Et être des amis de Jésus, veut dire accepter sa Personne, veut dire accepter son Amour pour nous, veut dire L’aimer, aimer notre prochain, et rayonner la joie, la joie de Dieu.

Est-ce que notre visage transpire quelque chose de cette présence de Dieu en nous ? C’est le premier témoignage, et nous sommes appelés ainsi dans le monde, à être des témoins de la fidélité, de la joie de Dieu qui est le gardien de notre fidélité. Demandons cette grâce au Seigneur, de cette ouverture du cœur, de sortir de nos conceptions des choses, de nos habitudes, pour vivre la disponibilité, la joie. Demandons cette grâce au Seigneur, demandons son Esprit-Saint, la Charité et l’Amour de Dieu. AMEN.