5e DIMANCHE DE PÂQUES (B)

2 mai 2021

  • Frère Jean François	CROIZÉ Frère Jean François CROIZÉ

Introduction : Nous sommes le 5ème Dimanche du Temps Pascal. Nous nous approchons, nous marchons vers la Pentecôte, et ce chemin est un chemin qui nous fait grandir dans l’intériorité du Seigneur. La parabole de la vigne et du sarment, la métaphore nous en dira quelque chose.
Eh bien, entrons dans cette Eucharistie en pénétrant davantage dans ce cœur de Dieu en nous reconnaissant aimés et pardonnés.

Homélie : Dans la première lettre de Saint Jean, Saint Jean nous redit ce que Jésus nous enseigne dans l’évangile.
Demeurer dans le Christ, c’est porter du fruit. Se couper du Christ, c’est mourir. Demeurer dans l’amour du Christ pour le Christ et le prochain, c’est vivre. Rejeter l’amour du Christ, c’est se dessécher et perdre la vie. C’est l’enseignement de la Parole de Dieu de ce jour.
Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus dit de lui qu’Il est la Vigne et il invite les disciples -d’hier et d’aujourd’hui- à demeurer en Lui comme Lui demeure en nous, Lui il est dans le Père. La première réponse à cette invitation est de Lui demander de nous faire la grâce d’être dignes du fait qu’il habite en nous. L’audace de cette question se fonde sur ce que Dieu a lui-même dit : il a promis d’habiter, de demeurer dans le cœur de ceux qui sont droits et sincères ; un cœur que nulle intention perverse ne dévie, un cœur ferme que nulle épreuve ne brise, un cœur libre que nulle violente affection ne subjugue.
Comme nous le savons, le verbe « demeurer » est un verbe clef du quatrième évangile et il signifie : établir sa demeure, fonder un lien stable, habiter. C’est le projet de Dieu : créatures que nous sommes, incohérentes et pécheresses, nous sommes appelées à être la demeure de Dieu.
Souvenons-nous de l’étonnement du roi Salomon, quand il consacra le Temple de Jérusalem, lorsqu’il s’exclama : « Est-ce que, vraiment, Dieu habiterait sur la terre ? » (1 Rois 8, 27). L’étonnement de Salomon n’est rien à côté de la stupeur que le chrétien peut éprouver devant le fait que Dieu ait choisi notre cœur, notre vie, pour y établir sa demeure, pour en faire son « chez soi ».
Cette décision de Dieu de demeurer en nous, dépasse l’entendement, mais l’immensité de Son amour ne pourrait entrer dans nos cœurs, si Lui-même ne nous avait pas donné la grâce de l’accueillir. Il ne nous reste donc plus qu’à demander un cœur comme celui de Marie, l’humble servante de Dieu, elle qui, plus que quiconque, a fait de la place au Seigneur dans sa vie, devenant physiquement aussi Sa demeure. L’important est d’avoir un cœur droit et sincère, humble comme celui de la Vierge Marie, c’est-à-dire un cœur qui n’a qu’un désir : former une seule unité avec le Fils de Dieu venu parmi nous.
Pour être chrétiens, il faut un grand et saint désir. Il nous faut désirer de toutes nos forces d’être rien de moins que l’endroit où Dieu habite, de manière à pouvoir ensuite nous-mêmes habiter en Lui et trouver dans sa demeure sécurité, joie, miséricorde et paix.
Pour illustrer cette image, Jésus utilise la métaphore de la vigne et des sarments : « Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruits, car en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire […].Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. » (Jean 15,4-8).
Demeurer en Jésus n’est pas stérile, c’est porter du fruit, et quel est ce fruit ? Est-ce l’amour ? Nous disons que le fruit de l’amour c’est l’amour, peut-être ! Mais l’amour ne pourrait-il être comparé à la sève, la sève qui irrigue et nourrit la vigne et lui fait porter du fruit, or que produit l’amour si ce n’est la joie ! Je crois donc pouvoir dire que la joie est le vrai fruit, signe de la présence de Dieu. La vigne qui produit du vin est donc signe de cette joie suscitée par l’amour qui nous vient de l’Esprit- Saint, et si nous sommes vraiment habités de l’Esprit-Saint, nous devons tous produire de la joie.
La Vigne, c’est un cep avec des sarments qui donnent du raisin. La vraie Vigne, c’est Le Christ, et nous en Lui, par le baptême et la vie sacramentelle.
L’affirmation de Jésus : « Je suis la vigne » introduit une nouveauté par rapport à l’Ancien Testament, où il était affirmé que Dieu a une vigne et se plaignait d’elle, c’est-à-dire de son peuple : « Pouvais-je faire pour ma vigne plus que ce que je n’ai fait ? J’attendais de beaux raisins, pourquoi en a-t-elle donné de mauvais ? » Le manque de joie attriste Dieu car il manque l’amour de Dieu.
Dans l’Ancien Testament, on parle d’une vigne qui n’est pas à la hauteur des attentes de Dieu. Dans le Nouveau Testament, Jésus, le Fils de Dieu, se dit être la vigne. L’évangile enseigne finalement que la vraie vigne est le fruit de l’alliance de Dieu avec son peuple, par cette incarnation de Jésus, sa rédemption aussi, ainsi l’a-t-il voulu. Ainsi, La vraie vigne est celle qui produit du fruit, en opposition à cette « fausse » vigne qui ne produit pas de fruits.
C’est tout le drame de Dieu, il n’avait pas trouvé d’homme qui réponde à son amour, la sève de l’amour ne passait pas. Le premier homme à répondre à son amour est le Fils, Son Fils, le Fils de l’homme, et il est la vigne, le premier homme à produire le fruit que Dieu désire, à produire le vrai raisin : ce doux fruit de l’amour : la joie. Jésus-Christ est la vigne qui produit le fruit de l’amour du Père pour les frères : la joie. Il est donc la vraie vigne.
Oui, vraiment pour Dieu dans la bouche de Jésus, le fait que la vigne ne réponde pas à ses attentions est un drame, et il se demande: « Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? » C’est pour Lui un vrai drame et c’est ce drame qui ressortira aussi dans la parabole des vignerons, comme cela nous est rapporté, raconté par Saint Marc dans son chapitre 12e, et parallèles.
Ce drame se résout en Jésus car Il est la vigne, en Lui est la vie, « Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruits, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire […] » Et cet évangile c’est un refrain qui revient sans cesse : « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. Ce qui fait la gloire de mon Père, ce qui fait la joie de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. » (Jean 15,4-8).
Demeurer en Jésus n’est donc pas stérile, cela porte du fruit. Les principaux fruits sont la foi, la conversion, la joie que l’on ressent de savoir qu’on y demeure gratuitement.
Rester avec Jésus implique -comme devoir au niveau de la cohérence, mais avant tout comme conséquence au niveau de l’être-, de vivre comme Jésus : « Celui qui déclare demeurer en lui doit, lui aussi, marcher comme Jésus a lui-même marché. » (1 Jean 2,6). Cela soulève la question : « Comment est-il possible de se comporter comme le Christ, vrai homme mais aussi vrai Dieu, l’Innocent qui meurt pour les coupables ? », en restant greffés comme Lui, comme des sarments à la vigne.
Si nous restons greffés en Lui, c’est lui qui agit en nous. Nous porterons ainsi beaucoup de fruits, c’est-à-dire les mêmes fruits que Lui, nous aurons la même vie que Lui, sa vie de Fils, le même amour pour le Père, le même amour pour nos frères. En restant unis à Lui, nous poursuivrons son œuvre qui est de donner la vie de Dieu et sa joie ; en nous séparant de Lui, nous détruisons son œuvre et produisons des fruits de mort.
Demandons la grâce de pouvoir continuer à « demeurer en Lui », dans la fidélité à notre baptême, fidélité aux sacrements de Réconciliation et du Pardon, à l’Eucharistie qu’il nous faut recevoir avec beaucoup de vénération, c’est le Corps du Christ dont nous sommes les membres.
Deuxièmement, prenons davantage conscience que vivre en Lui, demande un cœur plein de reconnaissance, car un cœur reconnaissant est un cœur fidèle, heureux d’être aimé de Dieu et d’aimer ses frères, heureux d’être un ami du Christ. Et être des amis de Jésus veut dire accepter son amour pour nous.
Nous sommes appelés à être dans le monde des témoins de la fidélité et de l’amour et de la joie de Dieu à l’exemple de Marie notre Mère. Amen.