5ème Dimanche du Temps Ordinaire (B)

7 février 2021

  • Frère Philippe-Marie VAGANAY Frère Philippe-Marie VAGANAY

Introduction : « Le Seigneur sauve son peuple ». Salut, santé, voilà, c’est la même signification, et en ce dimanche, nos évêques de France, à l’approche de la Fête de Notre-Dame de Lourdes, nous demandent de prier tout particulièrement pour les malades. Nous les prendrons dans notre prière.
Et nous savons que la maladie la plus fondamentale c’est la maladie de l’âme, c’est le péché. Alors, au seuil de cette Eucharistie, eh bien, approchons-nous de Jésus qui vient guérir, guérir les corps, guérir les âmes, il est venu prendre sur lui tous nos péchés.

 

Homélie : Dans la page d’évangile que nous venons d’entendre, saint Marc nous montre en quoi ont constitué les premiers jours du ministère de Jésus. En même temps, il nous fait découvrir une humanité plongée dans la souffrance, dans la maladie, comme dans l’oppression et l’esclavage du démon. Voilà bien le sort de cette humanité qui a cru à l’illusion de se construire un bonheur sans Dieu, l’humanité en proie aux conséquences du péché des origines !… C’est l’état de notre humanité, un état cauchemardesque que traduit si bien la situation tragique de Job, qui pourtant était un homme juste : « Depuis des mois, dit-il, je n’ai en partage que le néant, je ne compte que des nuits de souffrance ».
C’est vers cette humanité là que s’approche Jésus. Et l’Évangile nous montre que la seule présence de Jésus, dont le nom signifie « Dieu sauve », apporte à l’homme libération et santé. En saint Marc, Jésus ne commence pas son ministère par la prédication, comme en saint Luc par exemple, mais par des libérations et des guérisons. Il vient toucher les corps et les esprits, avant de s’adresser aux intelligences.
Depuis la Révolution Française, notre monde et ses institutions ont rejeté Dieu pour construire un humanisme sans Dieu ; et ces idées ont gagné la terre entière. Ce mouvement de sécularisation s’est accéléré avec la pensée libertaire qui s’est imposée en 1968.
Aujourd’hui, notre monde plongé dans un matérialisme privé de sens et de valeur se retrouve dans une situation semblable à celle décrite par saint Marc : une humanité soumise à la maladie et à l’asservissement. La mondialisation sans Dieu a produit une épidémie mondiale qui n’en finit pas, et qui est l’occasion pour les pouvoirs publics de retirer une à une les libertés de leurs concitoyens. De même, les maîtres à penser du courant libertaire musellent et censurent ceux qui osent penser autrement.
Oui, il semble que la situation que vit notre monde soit une parabole grandeur nature de ce que Jésus a trouvé sur la terre lorsqu’il est venu s’incarner.
Qu’a fait Jésus alors ? Est-il resté confiné à Nazareth ? S’est-il masqué ? S’est-il aseptisé ? A-t-il gardé des distances d’au moins deux mètres avec ses semblables ? Non, au contraire, il est allé au contact de cette humanité malade et aliénée. Il saisit la main fiévreuse de la belle mère de Simon, et demain, il touchera la chair putride des lépreux.
Ne pensez pas que je veuille vous pousser à l’imprudence ; mais je voudrais vous faire prendre conscience que « en Lui était la vie », comme nous le dit saint Jean (1,4). Jésus est le Vivant et il donne vie et santé à tout ce qu’il touche.
Si notre monde veut retrouver vie, santé, bonheur, il a tout intérêt à retrouver le contact avec Jésus, le Vivant, le Ressuscité.
Et c’est bien de résurrection dont il est question dans cet évangile. « Jésus s’approcha, saisit (la malade) par la main et la fit lever », nous dit saint Marc. Quand on lit cette phrase dans le texte grec, on ne peut pas ne pas remarquer le mot « egeirè »qui signifie « ressusciter », et qui a été traduit ici, la fit se lever, la fit lever. C’est le même mot qui sert pour la résurrection de la fille de Jaïre et pour la résurrection de Jésus. Ainsi, pour Marc, cette guérison concrète est un « signe » au sens fort, une annonce du Règne définitif de Dieu qui touchera toute chair.
Le soir venu, c’est-à-dire lorsque le Shabbat aura prit fin, Jésus guérira beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsera beaucoup de démons.
Jésus vient nous libérer de l’esclavage dans lequel nous met le démon : esclavage de la peur, esclavage du pouvoir, esclavage de la jalousie, esclavage de l’argent, esclavage de la pornographie, esclavage des addictions… et puis, on peut allonger la liste.
Aujourd’hui encore, Jésus vient nous libérer de l’esclavage du démon par le sacrement de réconciliation et par les prières de libération.
« La ville entière se pressait à la porte », nous dit saint Marc. Je rêve de voir les villes entières se presser à la porte des confessionnaux.
Parlant de la belle-mère de Simon, saint Marc dit : « la fièvre la quitta et elle les servait ». En cela, Marc nous dit beaucoup plus qu’il n’en a l’air, il se souvient de ce mot « servir », auquel un jour Jésus donnera le sens de « donner sa vie » : « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Marc 10,45).
Le service c’est l’engagement de tous ceux qui ont été touchés par le Ressuscité : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile », vient de dire saint Paul. Toute la vie de saint Paul sera une annonce de celui qui l’a touché, qui lui a brûlé le cœur sur le chemin de Damas.
« Seigneur guéris-moi de ne pas me laisser toucher par toi, guéris-moi de ne pas me laisser guérir par toi, guéris-moi de ne pas « servir », de ne pas donner ma vie, de ne pas aimer ».

« Le lendemain, bien avant l’aube, Jésus se leva. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait ».
Jésus commence sa journée « bien avant l’aube » par la prière. Voilà l’essentiel pour Jésus. Tout faire à partir de l’intimité du Père rencontré dans la prière. La prière est la première des activités de Jésus. Est-elle aussi la première de toutes nos activités ? Jésus nous crie dans son silence que le sens de notre vie est en Dieu, que la maladie la plus grave est celle qui nous éloigne de Dieu, que celui qui sait se « cacher en Dieu » est un homme sauvé. Alors toutes les fièvres, et la mort elle-même, ne peuvent plus l’atteindre.
C’est pour cela que Jésus est sorti, ce matin. C’est pour nous dire cela qu’il est sorti… du sein du Père, pour nous dire où est la source de la vie.
Laissons-nous guider par Lui, Frères et Sœurs, laissons-nous entraîner par Lui. Par Lui, avec Lui et en Lui nous trouverons la vie, nous trouverons la santé de l’âme et du corps, nous trouverons le sens de notre vie, nous trouverons le repos pour notre âme. Amen.