6e DIMANCHE Du Temps Ordinaire (C)

13 février 2022

  • Frère Omer COULIBALY Frère Omer COULIBALY

Introduction à la célébration : Bienvenue à tous et à chacun ! Nous souhaitons la bienvenue de manière particulière aux Cheftaines qui sont en formation : elles sont arrivées hier soir, et elles sont là jusqu’à samedi. Bienvenue au Père Cyrille, leur aumônier, qui est du diocèse de Bayeux-Lisieux.
Aujourd’hui, l’Église nous propose aussi de prendre dans notre prière les malades et les personnes qui s’occupent des malades. Vous savez : le dimanche qui suit le 11 février, Fête de Notre-Dame de Lourdes, est consacré à la journée mondiale pour les malades.
Préparons-nous à célébrer cette Eucharistie…

Homélie : Frères et Sœurs, est-ce que vous allez bien ? Vous êtes bien réveillés ce matin ? Et vous les cheftaines, la nuit n’a pas été trop longue ? Un tout petit peu, ça se comprend, car il fait froid en Mayenne, mais on a le cœur chaud ici.
Les lectures de ce jour nous proposent de visiter un style de vie, peu commun, ô combien de fois réel pour les chrétiens que nous sommes.
Dans la première lecture, le prophète nous faisait faire la distinction entre ceux qui mettent leur confiance dans la chair, dans le matériel, dans les idoles, dans plein de choses, mais qui ne rendent pas le cœur heureux, et ceux qui mettent leur confiance en Dieu qui n’a ni été crée par un être humain, qui n’est ni le produit de l’imagination de l’homme, et qui est une réalité éternelle qui n’a ni commencement ni fin. Mettre sa foi et sa confiance en Dieu, quelque part, c’est goûter l’éternité. Ce Dieu, comment est-ce que nous le connaissons ? Comment est-ce que nous pouvons nous approcher de Lui ? Que dis-je, comment est-ce que nous pouvons nous laisser approcher de Dieu ?
La deuxième lecture que nous avons entendue nous donne quelques éléments. Paul, dimanche dernier, nous donnait le condensé de la profession de foi, c’est-à-dire la première profession de foi. Il nous donnait ça dimanche dernier, en disant : Jésus, il a vécu parmi nous, il a souffert, il est mort et il est ressuscité. C’est ce que nous professons, que nous allons professer tout à l’heure, mais en forme développée.
Cette profession de foi aujourd’hui, elle s’agrandit un peu en nous disant que tous ceux qui ont confiance en ce Jésus Christ qui est mort et ressuscité aurons la vie éternelle. Quelque part on ne meurt pas et nous ne mourrons pas. C’est un peu fort. On peut se dire « Bon, oui, Jésus Christ, on comprend, mais nous, on a du mal ». Puisque nous regardons autour de nous dans nos familles, on a bien vu des personnes qui ont vécu parmi nous. On les a vues avec nos yeux de chair, et aujourd’hui elles ne sont plus avec nous.
Comment est-ce que je peux croire en cette réalité ? Dieu nous demande tout simplement de lui faire confiance, et il nous dit à travers ce passage de Paul, comparé à une réputation de vivant, en fait, nous sommes morts. On peut faire des buzz dans les réseaux sociaux, on peut avoir des cotes dans nos différents cercles d’hommes et de femmes importants, mais en fait, en réalité, lorsque nous nous retrouvons face à nous-mêmes, nous sommes en face d’un vide. Aux yeux des autres, nous paraissons vivants, à nos propres yeux et peut-être aux yeux de Dieu, on peut avoir cette réputation d’être morts.
On peut aussi avoir la réputation d’être morts, d’être insignifiants, inconnus du monde, inconnus des réalités humaines mais aux yeux de Dieu nous avons la réputation d’être des vivants, c’est-à-dire ces hommes et ces femmes qui font le choix d’être attachés et enracinés en Jésus Christ, en Dieu, l’auteur de la vie. C’est une réalité, c’est un style de vie qui est peu commun mais qui est réel. Chacun de nous qui sommes ici présents, nous vivons de cette réalité, sinon nous ne serions pas là dans cette église, en train de chanter, en train de prier, en train de manifester un peu de l’Amour de Dieu.
L’Évangile nous ouvre dans une profondeur de ce style de vie. Vous avez entendu dans cet Évangile : « heureux vous les pauvres, heureux vous qui avez faim, heureux vous qui pleurez, heureux êtes-vous lorsqu’on vous insulte, lorsqu’on vous persécute, lorsqu’on rejette votre nom à cause du Fils de l’Homme ».
Je vais m’arrêter sur la première « béatitude ». J’ai dans la tête deux exemples, deux histoires complètement différentes mais qui vivent profondément cette réalité de la pauvreté. Dieu qui est riche en miséricorde, Dieu qui est fécond, Dieu qui nous veut du bien ne peut pas nous souhaiter la pauvreté. C’est incompatible avec la réalité de Dieu Lui-même. Dieu qui comble les cœurs ne peut pas souhaiter que nous ayons faim. Alors de quoi s’agit-il lorsque nous parlons de cette forme de pauvreté ?
Nous avons l’exemple de ce fils du riche florentin François qui bénéficia de la richesse de ce monde, et qui décide de sa propre volonté, qui opère un choix d’abandonner la maison paternelle, d’aller vivre avec ceux qui sont dans la misère et de vivre la pauvreté, non la misère. Il épouse Dame Pauvreté, c’est-à-dire, il opère un détachement vis-à-vis de tout ce qui est matériel. Il use du matériel, mais à sa juste place. Il acquiert une certaine liberté vis-à-vis du matériel, vis-à-vis des relations, voire la relation paternelle pour n’être attaché qu’à Dieu seul, c’est-à-dire la Providence.
L’autre histoire qui nous est donnée, qui est complètement différente, mais qui traduit la même réalité, il s’agit de cette jeune fille des Hautes Pyrénées, Bernadette. Bernadette, à un moment donné de sa vie, c’est le déclin vers la misère. Sa famille, sa santé, je dirais, son intérieur comme son extérieur, apparemment, étaient marqués par la misère, par la fragilité. Et à un moment donné, Bernadette fait la rencontre de Notre Dame, et à partir de ce moment, même étant dans sa misère, elle fait le choix de la pauvreté, non de la misère. Bien des personnes lui apportaient des présents, même un chapelet en or, mais elle a refusé. La liberté intérieure, le détachement vis-à-vis des réalités humaines ne pouvaient qu’être donnés à Dieu.
Pour nous aujourd’hui, il ne nous est pas demandé peut-être de vivre la vie de Saint François d’Assise, ni de Sainte Bernadette, mais à notre mesure, là où nous sommes, dans notre réalité quotidienne, comment pouvons-nous expérimenter et vivre cette forme de pauvreté ? Cela peut partir tout simplement d’une certaine sobriété de vie, à une réalité d’ascèse de vie. Toujours est-il lorsque nous vivons simplement la sobriété ou l’ascèse de vie, si nous vivons la réalité du détachement au matériel et l’attachement au Dieu, à ce Dieu que nous aimons et qui nous a choisis, nous sommes autant saints, voire plus saints que peut-être François, que peut-être Bernadette, et que peut-être ceux que nous désirons suivre.
Demandons au Seigneur, au cours de notre Célébration Eucharistique de marquer nos cœurs à travers ce Pain de Vie que nous allons recevoir, -c’est son Corps-, et encore de marquer nos cœurs du sceau inviolable de son Amour, de l’attachement à Lui, Dieu seul, et du détachement vis-à-vis des réalités qui nous entourent ; que ces réalités servent à notre salut, et au salut de nos frères et sœurs par l’intercession de Notre Dame de Lourdes. Amen.