7e DIMANCHE DE PÂQUES (B)

16 mai 2021

  • Frère Marie-Jean BONNET Frère Marie-Jean BONNET

Introduction : 7ème Dimanche de Pâques, nous sommes en communion avec notre évêque et puis les familles qui sont rassemblées à Pontmain pour ce pèlerinage annuel des familles.
Et avec toute l’Église, bien sûr, nous sommes en attente, en désir, en tous cas il faut justement demander au Seigneur de réveiller ce désir de recevoir l’Esprit-Saint. Chacun reçoit la grâce de l’Esprit selon sa volonté, encore faut-il la désirer, désirer ces dons de l’Esprit, les accueillir, les accepter, ces dons particuliers, cette mission particulière qu’il donne à chacun. Oui demandons au Seigneur de réveiller ce désir de nous laisser vraiment conduire par l’Esprit-Saint et d’être encore plus, toujours plus à son école, « Car ceux-là seuls sont Fils de Dieu – nous dit Saint Paul – qui se laissent conduire par l’Esprit ».
Entrons dans cette eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs.

Homélie : Lorsqu’une jeune mère de famille ou un jeune père de famille est en phase terminale d’une maladie grave, ils pensent moins à eux-mêmes qu’à leur conjoint et à leurs enfants et la souffrance qu’ils vont connaître, que ceux-ci vont connaître.
« Le Christ, quelques heures avant sa mort, ne pouvait pas ne pas partager une angoisse semblable. Il allait laisser sur la terre ceux qui devraient poursuivre son œuvre et ils savaient ce qui les attendait, l’incompréhension et l’hostilité de beaucoup, les persécutions et la mort violente. « Le serviteur n’est pas plus grand que son maître » – leur avait annoncé Jésus – « le monde vous prendra en haine ».
Et en cette heure il pense aussi à ses disciples de tous les temps, à nous. Quelle joie de penser que Jésus nous a prit dans sa prière en cette heure décisive. Il pense aussi à tous ses disciples de tous les temps comme le montre la suite de sa prière. Il sait qu’ils ne seront pas davantage épargnés :
Ils rencontreront deux types de dangers : dangers venant de l’extérieur, le monde ne leur fera pas de cadeau, aujourd’hui comme hier ; mais dangers plus graves venant de l’intérieur, de leurs propres faiblesses.
Alors en cet instant solennel de sa Pâque, Jésus laisse monter vers son Père une ardente prière pour ses apôtres et les apôtres de tous les temps ; une prière que l’on peut rassembler en ces deux paroles : « Père, que mes disciples tiennent bon ! et, Père, qu’ils soient des Saints ! »
Qu’ils tiennent bon !
Certainement à cette heure, Jésus a sur le cœur l’abandon imminent de Judas alors que sa hantise était justement qu’aucun de ses disciples ne se perdent. Et sa pensée va, à cet instant, à tous les prêtres, consacrés et fidèles laïcs de demain qui failliront un jour à leur engagement, à leur mission.
Il sait que trois tentations les guettent :
Tentation de fuir la croix d’abord, tentation de renier et d’apostasier dans la persécution et évidemment cela a existé à toutes les époques, même si, Dieu merci, et c’est un signe fort, le nombre de ceux qui sont restés fidèles dans ces moments terribles est plus important que ceux qui ont apostasié, un signe fort de la force du Christ à l’œuvre en eux.
Mais tentation aussi et justement plus insidieuse, plus insidieuse mais tout aussi grave de décrocher, d’abandonner la mission, la vocation face au mépris et à l’hostilité du monde. Tentation environnante, omniprésente pour nous chrétiens, pour nous chrétiens, face au mépris et à l’hostilité du monde, hostilité d’hier et d’aujourd’hui.
Tentation aussi de déformer le message évangélique en raison précisément de ce mépris et de cette hostilité tenace du monde envers le message chrétien, le message de Jésus : « Père, je leur ai fait don de ta Parole car ta Parole est vérité ». C’est la grande mission confiée aux apôtres : la transmission fidèle de son enseignement. Il était, il est toujours tentant de chercher des accommodements avec les idées du monde, comme il est tentant d’interpréter la Parole de Dieu dans le sens qui nous arrange. Nous savons nous arrêter aux Paroles de Dieu qui, j’allais dire, que nous accueillons volontiers, mais celles qui nous dérangent, celles qui mettent le doigt sur ce qui fait mal dans notre vie, ce qui est incohérent à ça, on n’aime pas trop s’arrêter dessus. Mais voilà, la fidélité c’est tout accueillir, accueillir toute la Parole de Jésus. Comme il est difficile même pour des chrétiens parfois hélas, parfois hélas, comme il est difficile de résister aux idéologies ambiantes et au matraquage des grandes médias. Que ça fait mal d’entendre des chrétiens qui se laissent contaminer par l’esprit du monde : Oh, après tout vous savez, le mariage homosexuel, c’est pas grave, l’avortement, ben vous savez dans certains cas, ceci, cela, et voilà comment on se laisse contaminer, déformer, abîmer et finalement, voilà, on se laisse décrocher de l’Esprit de Jésus.
Tentation de la désunion aussi, oh combien, nous en faisons tous l’expérience, hélas : bien des fois Jésus a vu la jalousie s’instaurer entre ses apôtres, il sait ce qu’il y a dans l’homme. Il a vu aussi toutes les grandes fractures qui diviseront l’Église au long des siècles. Il a souffert de voir tous ces affrontements peu charitables qui surgissent dans toutes nos communautés ecclésiales : contre-témoignage, nous le savons bien.
Prière de Jésus, Dieu merci, prière de Jésus qui accompagne la barque de l’Église au long des siècles et lui permet de traverser toutes les tempêtes, « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre Elle ». Nous ne pouvons pas penser que la prière de Jésus est efficace.
Prière de Jésus aussi pour que ses apôtres et ses disciples soient des Saints ! « Père Saint, sanctifie-les par la vérité ». Le Christ sait, il le sait : ses disciples ne tiendront dans un combat inégal avec le monde que s’ils sont des Saints ou plus exactement s’ils se laissent sanctifier par son Esprit.
Sanctifiés, ce qui veut dire d’abord mis à part. Impossible pour les disciples de tenir bon si, en étant dans le monde, ils partagent l’esprit du monde. Non, ils doivent se garder de celui que Jésus appelle le Mauvais, le Menteur, le Malin qui, sur le marché du monde, comme l’écrit un commentateur, « sur le marché du monde, sait fort bien présenter ses produits falsifiés dans un stand alléchant ».
« Père Saint, sanctifie-les ». Être Saint c’est être pour Dieu dans un monde qui est souvent contre. « Vous êtes le sel de la terre, – nous dit Jésus, – vous êtes la lumière du monde », sel à la fois distinct et mêlé à la pâte du monde. Lumière aux yeux des hommes, « Que votre lumière brille aux yeux des hommes ». Lumière aux yeux des hommes donc lumière au milieu du monde. Sel et lumière du Christ lui-même vivant en ses disciples.
Dans un monde souvent hostile à Dieu, mais toujours aimé de Dieu, comme nous l’a rappelé notre évêque dans cette prière que nous avons priée si souvent, dans un monde toujours aimé de Dieu, malgré toute son hostilité et son aveuglement parce que Dieu veut le sauver. Le Seigneur nous envoie, comme il nous l’a dit aujourd’hui, le Seigneur nous envoie, nous garde et nous accompagne pour humaniser ce monde, l’évangéliser et le ramener à Dieu. Amen.