LA CROIX GLORIEUSE, 2023

14 septembre 2023

  • Frère Omer COULIBALY Frère Omer COULIBALY

INTRODUCTION : FRERE OMER

Frères et sœurs, l’Église nous donne de fêter la Croix Glorieuse de Notre Seigneur. C’est au lendemain de la dédicace de l’église de la Résurrection, érigée à Jérusalem, sur le Tombeau du Christ, en 335, que nous célébrons la Croix Glorieuse. La Croix du Christ est le triomphe de sa victoire pascale sur la mort. La Tradition y voit aussi le signe du Fils de l’homme qui apparaitra dans le ciel pour annoncer son retour.

Dans cette foi, dans cette intimité de Dieu, où Il nous laisse contempler son Fils en croix, mais qui préfigure aussi la gloire et le triomphe sur le mal, osons nous présenter devant ce Dieu, juge mais plein de miséricorde, et implorons sa miséricorde.

HOMELIE : FRERE OMER

Chers frères et sœurs, cette fête de la Croix Glorieuse nous donne l’occasion de méditer et de nous approprier d’une certaine manière tout le mystère de la Croix de notre Seigneur Jésus Christ.

Dans la première lecture que nous avons entendue, on nous parle de l’abaissement de Dieu en termes un peu plus techniques, on nous parle de la « kénose. » Ce Dieu qui est tout puissant, qui a tout créé, décide, de sa seule autorité, de s’abaisser au rang de sa créature. Il ne le fait pas dans une dynamique de dégradation ou de déconsidération de sa part. Il ne le fait pas en perdant toute son autorité, tout son pouvoir de Dieu créateur. Peut-être à la différence de nous, êtres humains, qui décidons par moments d’un certain abaissement. On s’abaisse, mais on renie ce qui nous est fondamental, c’est-à-dire d’être des êtres humains. Nous tombons par moments dans la bestialité ou l’animosité, c’est complètement différent.

Cet abaissement de Dieu révèle à la fois sa grandeur, révèle à la fois, je dirais, le regard qu’Il pose sur l’être humain, et la liberté que Dieu accorde à l’être humain. Cette liberté qu’Il nous accorde, nous pousse soit à aller vers Dieu, soit à nous éloigner de Dieu. Mais Dieu, dans un amour fou, – c’est l’histoire la plus folle de notre humanité, – la mort de Dieu pour ses créatures que nous sommes. Dans un amour fou, Dieu décide de nous envoyer son Fils. Et c’est ce que nous avons entendu dans l’Évangile : « Dieu a tellement aimé le monde, qu’Il a envoyé son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle ».

L’amour de Dieu, c’est à la fois un amour qui se déleste de lui-même, et qui se donne à l’autre, pour que celui à qui cet amour est donné, puisse trouver sa dignité. C’est ça aussi le mystère de la croix.

Alors, regardons cet instrument. Dieu n’a pas pris une guillotine. Sinon on allait se promener tous avec des guillotines autour du cou. Dieu n’a pas utilisé des pièges. Sinon on allait trouver des bouts de rocher ou je-sais-pas-quoi autour de notre cou pour se balader. Il a permis, par le fait d’être des êtres humains, en utilisant une croix.

La croix, avec ses dimensions à la fois verticale et horizontale, va nous parler d’une réalité bien plus supérieure, au-delà de l’atrocité de cet instrument. Nous, en tant que chrétiens, nous y voyons l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Quelque part, nous retrouvons le commandement que le Christ Jésus donne à ses disciples : aimer Dieu, aimer son prochain.

Si nous aimons Dieu et nous aimons notre prochain, le point de rencontre des deux bras de la croix, vertical et horizontal, nous permet d’entrer dans une alliance, cette alliance avec Dieu. Dans cette alliance avec Dieu, nous avons à vivre une parole de promesse : celle d’un Dieu qui nous aime et qui nous dit « Je vous aime de toute éternité ». Il n’y a ni commencement, ni fin dans l’amour de Dieu pour ses créatures que nous sommes.

Lorsque nous allons, un petit écart peut-être, lorsque nous allons au mont Nébo. Vous arrivez devant l’église au mont Nébo. Vous voyez une croix en forme d’une perche qui est dressée, et comme un serpent qui enroule en métal. Et cette croix n’est pas placée n’importe où, elle est placée en direction de la Terre Promise. Et lorsque nous allons en Israël, nous pouvons percevoir la basilique de la Résurrection, qui se situe aussi sur une hauteur.

Nous pouvons voir un parallèle entre cette histoire de ce peuple d’Israël qui était rentré en récrimination contre Dieu. Cela nous rappelle peut-être notre propre histoire, toutes les fois où nous récriminons contre Dieu. Et Dieu, à travers le peuple d’Israël, on nous dit « faire venir des serpents à la morsure brulante ». Il demande à Moïse de construire ce mât, de dresser ce serpent en bronze. Et lorsque le peuple regardait vers ce serpent en bronze, il retrouvait la vue, la vie.

Dieu déteste le péché qui est en l’homme, et pour cela, Il décide de lui offrir le Salut. Le premier signe que nous pouvons voir dans ce mât dressé. Et Dieu ne s’arrête pas à cela. Il va jusqu’à donner son propre Fils, et ce propre Fils a été suspendu au bois de la croix. C’est un mystère pour nous, nous ne comprendrons pas définitivement tout l’amour que Dieu a pour nous. Mais nous avons à nous y efforcer à travers des attitudes ajustées, à travers un cœur ouvert en Dieu, pour comprendre, un tout petit peu, ce mystère qui nous est proposé.

A chaque fois que nous célébrons le mystère de l’Eucharistie, l’Église nous dit que c’est le mystère du sacrifice du Christ qui s’accomplit et se réalise. Et dans ce mystère, bien sûr, il y a ce côté douloureux, holocauste, du sacrifice, mais il y a aussi ce côté amoureux. Toutes les fois que nous célébrons l’Eucharistie, c’est comme la croix victorieuse du Christ qui est dressée, et que le Ciel est ouvert. Et chacun peut percevoir à travers cette croix comme peut-être une fenêtre ouverte entre le Ciel et la terre, comme une échelle qui permet à Dieu de descendre jusqu’à nous, et à l’homme d’essayer, avec la grâce et la force de Dieu, de s’élever vers Dieu. Nous pouvons percevoir aussi comme un chemin, comme un pont qui nous est proposé afin que, lorsque nous sommes empêtrés dans le péché, nous regardions vers la croix du Christ, qui nous tend les bras, afin de nous sauver.

Demandons au Seigneur de nous donner la grâce d’être amoureux de sa Croix, non pas comme instrument de mort, mais comme un arbre de vie et qui produit de beaux fruits en nous.

AMEN