NATIVITÉ DU SEIGNEUR Messe de la NUIT 2023

25 décembre 2023

  • Frère Jean François	CROIZÉ Frère Jean François CROIZÉ

INTRODUCTION : PERE JEAN-FRANCOIS

Chers frères et sœurs, nous avons cheminé pour venir jusqu’à la crèche adorer l’Enfant Jésus, et cette nuit, heureux sommes-nous de nous associer aux chants des Anges, aux chants de tous les pauvres que le Seigneur rejoint sur cette terre, en cette nuit. Oui, un Sauveur nous est né, c’est le Christ le Seigneur, Celui que nous vénérons, que nous adorons dans la crèche, entouré de Marie et de Joseph.

Avec les enfants, nous sommes venus déposer ces petites lumières, elles sont le symbole de notre veillée. En elles, c’est ce que nous avons de plus beau à offrir en cadeau à l’Enfant Jésus. Elles symbolisent nos joies, notre amour, notre confiance, notre espérance, notre paix, notre douceur, notre patience, notre humilité, et aussi tous ces enfants à travers le monde qui n’auront pas la joie de vivre ce temps de Noël. Nous reconnaissons que nous recevons ces petites lumières de Celui qui est la lumière du monde, « lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu ».

Entrons dans la joie de Noël comme des enfants, heureux d’accueillir l’amour et le pardon de Jésus-Sauveur.

 

HOMELIE : PERE JEAN-FRANCOIS

Chers frères et sœurs, avec la naissance de Jésus, on peut dire que c’est la fête des enfants. C’est aussi la fête des mamans, parce que sans mamans il n’y a pas d’enfants. C’est la fête des papas et des mamans parce que sans papas et sans mamans il n’y a pas d’enfants, c’est la fête de la famille. Dieu donne ses lettres de noblesse à la famille en cette nuit. Oui, en cette nuit, nous sommes là où le Seigneur nous donne rendez-vous. Le Ciel et la terre se rencontrent et se reconnaissent à Bethléem.

En cette nuit de Noël, le Ciel s’ouvre et le cœur de Dieu se révèle en la naissance de l’enfant de Bethléem, entouré de Marie sa mère et de Joseph, Il s’expose et s’offre à chacun de nous pour que nos cœurs s’ouvrent dans la louange et l’action de grâce, et nos chants cette nuit le disent bien.

Le premier Noël de Jésus fut célébré dans une grotte, utilisée comme étable, parce que Dieu a voulu entrer dans le monde par l’endroit le plus bas. Aucun être humain n’est plus bas que Lui en entrant dans le monde de cette façon. A partir de qui est le plus bas, tous sont touchés par son étreinte de lumière, d’amour et de paix. Oui, le Fils de Dieu nait pour nous dans une étable à Bethléem.

Or, dès la naissance de l’enfant, verbe fait chair, l’Emmanuel « Dieu parmi nous », le cœur des petits et des pauvres accourt et s’émerveille dans la joie et l’adoration. Or, il n’en est pas ainsi des grands de la terre :

  • « En ces jours-là parut un édit de l’empereur Auguste ordonnant de recenser toute la terre »

Tout commence en ces jours-là par une décision de l’empereur Auguste de recenser toute la terre, et nous sommes dans le temps de l’histoire romaine avant d’être dans le temps d’une histoire sainte. Celui qui règne en maitre sur cet univers est l’empereur qui porte le titre d’Auguste, ce qui se traduit « digne d’adoration » s’il vous plait ! A lui tous les pouvoirs y compris de recevoir un culte divin. Se comportant en maitre de la terre, il commande un recensement universel, avec tout ce que cela comporte d’efficacité administrative, de surveillance militaire, de déplacements obligatoires, et de souffrances pour tous les pauvres, comme des exilés, jetés sur les chemins pour rejoindre les lieux du recensement.

Faire le recensement du peuple de Dieu n’est pas un péché en soi. Le Livre des Nombres nous rapporte par deux fois le recensement d’Israël, ordonné par Dieu Lui-même, après la sortie d’Égypte et juste avant l’entrée dans la terre promise. Or ces recensements ordonnés par Dieu avaient pour but précis de répartir équitablement le territoire du pays promis, parmi les tribus d’Israël, rien à voir avec les recensements orgueilleux des maitres du monde.

Avec ces circonstances de recensement romain, un drame est planté en ce début d’Évangile, un monde de domination qui se prend pour Dieu, et l’humilité du Dieu d’Israël, dont le règne s’avance parmi nous dans l’enfant de la crèche. L’Évangile nous présente alors les parents du nouveau-né qui ne se distinguent en rien des autres habitants des routes, du pays, puisque, comme tous les autres habitants de Palestine, Joseph et Marie sont sur les routes pour respecter l’ordre impérial qui leur demande d’aller se faire recenser. Or, pendant qu’ils étaient là, arrivèrent les jours où Marie devait enfanter, c’est le moment où la vie fait son œuvre quelles que soient les circonstances, une naissance passée inaperçue, car elle ne s’est pas faite au milieu du vacarme de la foule dans la salle commune, mais à l’écart, dans une étable.

La naissance de l’enfant est une naissance ordinaire, qui n’a suscité aucun accueil spécial. Dans le contexte imposé par le déplacement du recensement, cette naissance pauvre est humaine, puisque sa mère prend soin de Lui, elle L’emmaillota, Le coucha dans une mangeoire. Cette scène où Marie et Joseph ont utilisé des moyens de fortune, à portée de main, pour installer leur nouveau-né, cache en fait un évènement extraordinaire, qu’il nous faut lire par les yeux de la foi. A Bethléem dont le nom signifie la maison du pain, un enfant nouveau-né a pour berceau la mangeoire où l’on met le foin qui nourrit les bêtes. Se pourrait-il que cette place nous indique le lieu de prédilection du Fils de Dieu ? Dès la mangeoire de Bethléem, il se fait nourriture, ce pain descendu du Ciel.

Finalement, les seuls invités à cette naissance ordinaire sont les bergers qui gardaient leurs troupeaux dans la nuit. Dans le contexte de l’époque, ils appartiennent à une catégorie de gens méprisés, c’est-à-dire au plus bas de l’échelle sociale et religieuse, dans la mesure où leur vie pastorale les empêchait d’avoir une vie religieuse régulière et exemplaire. Or, avec l’entrée en scène des bergers, l’ordinaire de cette naissance humble et cachée se mêle à l’extraordinaire de la gloire de Dieu.

Il est frappant de voir que cette gloire lorsqu’elle entre en jeu ne repose pas sur l’enfant, Il reste un petit nouveau-né comme les autres. La gloire repose sur les bergers. Le poids de la présence de Dieu c’est bien eux qu’elle enveloppe de sa lumière :

  • « La gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière », nous dit-on.

Les bergers sont donc les premiers à être rejoints par la présence de Dieu, dans sa lumière. Dieu leur fait sentir sa présence et sa proximité en les prenant dans sa lumière. Il leur explique tout par la voix de l’Ange son messager :

  • « Aujourd’hui vous est né un Sauveur dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur, et voilà le signe qui vous est donné, vous trouverez un nouveau-né emmailloté, et couché dans une mangeoire ».

Fragilité du nouveau-né, dépendance de l’enfant emmailloté par sa mère, dénuement de la mangeoire comme berceau, voici les repères donnés aux bergers pour reconnaitre le Messie de Dieu. Ce sont déjà les marques de leur propre existence, le Messie qu’ils vont chercher est déjà l’un des leurs.

Avec ces signes, l’évangéliste St Luc nous donne comment il nous faut comprendre l’Évangile. Le Messie qu’Israël attend n’est pas un Messie puissant, riche et fort, qui viendrait écraser la puissance romaine occupant le territoire de la Palestine, Il vient faible, fragile et pauvre, complètement remis entre nos mains.

Peut-être à Noël, en contemplant Marie et Joseph entourant Jésus le nouveau-né, aurons-nous la joie, comme les bergers, de reconnaitre l’amour incroyable de Dieu, qui s’est fait l’un de nous, pour nous approcher, sans nous faire peur ? Peut-être apprendrons-nous de cet Enfant nouveau-né la joie, la simplicité, l’humilité. Au cœur de nos nuits, quand nous pensons ne pas vouloir grand-chose dans ce monde en souffrance, Il nous donne la grâce faite aux bergers. Tout petit remis entre nos mains et nos bras, l’Enfant nouveau-né nous fait l’immense grâce de croire en l’humilité, et d’attendre encore quelque chose de l’humilité et de la miséricorde de Dieu.

AMEN