NOTRE-DAME DE PONTMAIN 150ème anniversaire

17 janvier 2021

  • Frère Marie-Jean BONNET Frère Marie-Jean BONNET

Introduction : Notre diocèse, et bien au-delà, est en fête aujourd’hui pour ces 150 ans de la visitation de Marie, sur notre terre de Mayenne, pour notre pays, mais aussi pour le monde entier. Aujourd’hui s’ouvre donc une année entière jubilaire.
Certes, ce jubilé d’aujourd’hui est assez chamboulé par les circonstances, certains d’entre vous espéraient peut-être y participer, d’autant que le Seigneur nous fait la grâce cette année, et c’est un signe de Dieu, je pense, que ce 17 janvier tombe un dimanche, ce qui favorise la participation à cette célébration de la venue de Marie, et le Seigneur nous donne aussi du beau temps, en ce dimanche 17 janvier.
Certes, un jubilé chamboulé, mais le Seigneur, nous le savons bien, et j’aime me rappeler souvent ce proverbe : « Dieu écrit droit avec nos lignes courbes ». Et donc la grâce de Dieu n’est jamais entravée par les entraves des hommes et la grâce de Dieu est toujours offerte aux cœurs qui ont soif de Dieu.
Nous aurons aussi toute cette année, encore une fois, pour vivre cette démarche jubilaire, individuellement, en famille ou en groupe, en nous rendant à Pontmain, bien sûr, ça fait partie de cette démarche jubilaire, mais cela ne suffit pas, cette démarche à vivre à Pontmain est bien sûr pour renouveler notre quotidien.
Et il est heureux que ce 17 janvier 2021, ce soit le premier dimanche que nous vivions au seuil de ce temps ordinaire, dit ordinaire, et cela nous rappelle que l’irruption de Dieu, l’irruption du ciel dans notre ordinaire, dans l’ordinaire de ce petit village de Pontmain, vient nous redire combien le ciel est proche de nous, combien l’extraordinaire de Dieu est proche de nous, c’est ce que Jésus nous dit : « Le règne de Dieu est tout proche, est au milieu de vous ».
Eh bien, remercions le Seigneur qui nous a envoyé Marie, sa Mère, pour nous réveiller, qui nous l’envoie aujourd’hui, pour nous réveiller encore, nous inviter à la prière, et à l’espérance, en nous tournant d’abord vers le Crucifié que Marie vient nous offrir, nous présenter, nous presser d’accueillir, en nous tournant vers le Crucifié nous lui demandons, à la suite des habitants de Pontmain, sa miséricorde et son Pardon, pour nous, pour la France et pour le monde entier.

 

Homélie : On pourrait se demander s’il est opportun, en cette période si troublée que nous vivons, s’il est opportun d’inviter à la jubilation. Pourtant, nous le savons bien, et c’est toujours important et utile d’y revenir, nous savons bien que les conditions historiques et sociales de 1871 étaient extrêmement troublées, elles aussi, lorsque Marie vient justement, j’allais dire « justement ». C’est peut-être pour cela que Marie se presse de venir semer dans les cœurs désespérés, même des cœurs croyants, fidèles, pratiquants, ô combien, parce que la messe quotidienne était, les habitants venaient à la messe tous les jours prier pour la paix, eh bien, dans ces cœurs qui, ceux-là aussi, étaient désespérés Marie vient justement semer la joie de sa présence, l’espérance et la paix.
Oui, il est opportun de vivre ce jubilé parce qu’il est d’abord juste et bon de rendre grâce, -nous sommes toujours en dette d’action de grâce oh, là, là ; quand nous arriverons au ciel, je crois qu’on dira, oh là là : qu’est-ce que j’ai été ingrat de pas reconnaître assez sur cette terre les bienfaits de Dieu-. Oui, il est toujours juste et bon de rendre grâce pour cette visitation de Marie qui s’inscrit dans une litanie de visitations, nous le savons bien, dont Marie a gratifié particulièrement notre pays, là aussi nous avons des motifs particuliers de rendre grâce.
Rendre grâce non seulement pour l’événement de ce 17 janvier 1871, mais aussi bien sûr pour 150 ans de grâces, 150 ans d’espérance, comme il a été écrit, car les œuvres de Dieu ne sont pas caduques, jamais, jamais et elles portent du fruit à l’infini, et la preuve en est dans ces 150 ans de grâces, des flots de grâces qui ne cessent de couler à Pontmain, et par Pontmain dans le monde entier ; les œuvres de Dieu portent du fruit à l’infini et on peut dire, bien sûr, qu’elles portent du fruit pour l’éternité.
Et si les œuvres de Dieu ne sont jamais caduques, c’est donc que la grâce de Pontmain nous est offerte à nous aujourd’hui, donc il est opportun de vivre ce jubilé car célébrer un jubilé, comme le dit le Père Renaud Saliba, recteur du sanctuaire de Pontmain, que vous connaissez pour la plupart, je pense, « Célébrer un jubilé, c’est se réapproprier un héritage de valeur selon cette parole du livre du Lévitique : « En cette année jubilaire, vous rentrerez chacun dans votre patrimoine, » » (Lévitique 25,10), rappelle le sens du jubilé. Et le Père Saliba de poursuivre, « l’apparition de Notre-Dame de Pontmain c’est notre patrimoine, une richesse spirituelle pour aujourd’hui, elle projette sa lumière sur notre temps », oh oui, oh combien.
Vous avez remarqué, bien sûr, combien l’événement de Pontmain fait écho à la Parole de Dieu que nous venons d’entendre, aujourd’hui, dans son intégralité, je dirai : que ce soit le message d’espérance du prophète Isaïe à un peuple opprimé par l’invasion étrangère aussi en ces temps là, ou encore le chant d’allégresse et de victoire du Magnificat célébrant le Dieu Sauveur qui disperse les superbes, ceux qui sont sûrs d’eux-mêmes, les puissants de ce monde, et il élève les humbles, les petits et les enfants en particulier, ou encore bien sûr, l’intercession de Marie à Cana.
Ce n’est pas l’histoire qui se répète car l’histoire est linéaire et ne se répète jamais, mais c’est que l’histoire est fondamentalement une, elle est l’histoire du Salut, il n’y en a pas d’autre, l’histoire du Salut, du Sauvetage de l’humanité de génération en génération.
Un Salut, le Salut, oui, il n’y en a pas d’autre. Chercher un salut en dehors de celui qu’offre Dieu à l’humanité c’est illusion bien sûr, c’est mensonge. Un Salut, le Salut mais qui est au prix de sauvetage de toutes les générations, il est au prix d’un combat, d’une guerre permanente depuis les origines entre les ténèbres et la lumière, comme nous l’évoquait la première lecture, entre le prince des ténèbres, prince des ténèbres parce qu’il agit toujours masqué, il agit masqué parce qu’il est menteur, entre le prince des ténèbres qui induit la rupture avec Dieu et sème ainsi la peur, la tristesse et la division, combat entre ce prince des ténèbres et le Dieu fait homme, lumière du monde qui nous ouvre à la réconciliation avec Dieu, et avec cette réconciliation nous apporte la confiance filiale, la joie et la paix.
Le Salut qui est remporté, gagné par un unique Sauveur, Celui dont la parole d’Isaïe était une annonce lointaine, dans le fils du roi Acaz : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné » (Isaïe 9,5). C’est ce même fils annoncé par le prophète que Marie vient nous représenter à Pontmain, nous présenter à nouveau, au milieu de tous les troubles de l’histoire humaine, car il est Lui, l’unique espérance offerte aux hommes.
Ce Sauveur nous vient, oui, par Marie, nous est offert hier et aujourd’hui par Marie, car elle est, selon ce que dit le concile (cf Lumen Gentium n° 61), l’associée parfaite du Rédempteur, l’associée parfaite de cette œuvre de Salut, de cette unique œuvre de Salut qui est le fil rouge de l’histoire du monde, l’œuvre du Salut, Marie est l’associée parfaite de cette œuvre de Salut, de l’œuvre de son Fils, unique Rédempteur de l’homme, elle est par la volonté divine, Marie, médiatrice de toute grâce. Depuis Cana, en passant par la croix et la Pentecôte, Marie ne cesse d’intercéder pour ses enfants dans l’épreuve, pour les orienter à nouveau vers son Fils, et recevoir de Lui la délivrance et la paix. Alors que toutes les idéologies de l’histoire essaient de capter l’intérêt et la confiance des hommes, Marie nous réoriente vers l’unique Sauveur de l’homme, Jésus-Christ, son Fils.
Mais cette délivrance et cette paix ne peuvent être reçues que dans un cœur ouvert à Dieu, et ouvert au prochain, quel qu’il soit. C’est ce que nous rappelait aussi le service de la communication du diocèse : une année jubilaire c’est une année pour se rapprocher de Dieu, et se réconcilier avec les autres ; car celui qui n’aime pas son prochain, ne peut pas aimer Dieu, nous rappelle Saint Jean, d’où l’insistance de Marie : « Mais priez mes enfants ».
Du reste lorsque s’écrit dans le ciel de Pontmain : « Dieu vous exaucera en peu de temps », les villageois de dire tout joyeux, « C’est fini, c’est fini, la guerre va finir, nous aurons la paix ». Mais Eugène qui a écarquillé, qui avait les yeux grand ouverts, lui, sur ce qu’écrivait Marie, n’a pas oublié le début du message, et il répond : « Oui, mais priez », dit-il aux villageois et l’on se remit à prier ; et l’on sait que les villageois de Pontmain ont prié ce soir là trois heures durant. C’est peut-être l’occasion de nous demander combien de temps nous consacrons à la prière chaque jour. Il faut se rappeler que ces villageois de Pontmain ont prié trois heures durant, dans la neige, à genoux, mais qu’ils venaient tous les jours à la messe pour prier pour la paix et ceux qui le pouvaient continuaient leur prière : chemin de croix, chapelet, et d’abord ces enfants de Pontmain, quelle générosité et quelle foi. Où en sommes-nous ? Je crois que cette année nous est donnée pour faire le point sur notre vie de prière.
En bénissant le Seigneur, Maître des temps et de l’histoire, et en bénissant Marie, notre Mère pour ces 150 ans de grâce rayonnant depuis Pontmain, en nous réappropriant la grâce de Pontmain, c’est-à-dire, celle d’une Mère qui nous offre son Fils comme Sauveur, alors la paix du Christ régnera dans nos cœurs, et nous pourrons ouvrir à nos frères des chemins de joie. Amen.