SAINT AUGUSTIN, Solennité 2023

28 août 2023

  • Frère Philippe-Marie VAGANAY Frère Philippe-Marie VAGANAY

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Introduction : Etant dans la joie de la solennité de notre père saint Augustin. Nous sommes heureux de voir les Augustines de Malestroit parmi nous. Nous souhaitons, avec un jour de retard, une bonne fête à Sœur Monica. Nous avons le Père Joël-Marie, de la Communauté de la Croix Glorieuse. Il me signalait que, eux aussi, se sont mis sous la Règle de Saint Augustin. Ils font partie maintenant de la grande famille augustinienne.

C’est une journée d’action de grâce pour notre Frère Omer : anniversaire de sa profession. Et puis, nous sommes en communion avec nos confrères, les Chanoines de Saint Maurice, qui, aujourd’hui, célèbrent la profession perpétuelle d’un de leurs frères.

Homélie : « C’est avec une grande force que les Apôtres portaient témoignage de la résurrection de Jésus, et la puissance de la grâce était sur eux tous. »

Comme les Apôtres, Augustin est un homme qui a été touché par la grâce, transformé par la grâce. Voilà pourquoi ce texte des Actes des Apôtres, que nous venons d’entendre, a eu un tel écho en lui. Comme les Apôtres, Augustin est un homme qui a rencontré le Christ, à travers la prédication de saint Ambroise et la prière de la communauté chrétienne de Milan.

La prédication d’Ambroise a touché l’intelligence d’Augustin, en lui faisant percevoir la vérité contenue dans les Saintes Écritures. En même temps, la prière de la communauté chrétienne de Milan lui ouvrait le cœur, y faisant jaillir les larmes de la componction.

Mais, tout cela ne suffisait pas pour lui donner la force de marcher selon les exigences du Christ. Et c’est en faisant ce constat amer de son incapacité à marcher selon la voie du Christ, que son cœur s’est comme déchiré. Et c’est par cette déchirure, par cette brisure du cœur que la grâce a pu pénétrer en lui, le libérant de tous ses enfermements, rompant ses chaines, lui apportant sécurité et paix, et lui donnant la capacité de suivre le Christ.

Comme pour les Apôtres, la grâce du Ressuscité a transformé la vie d’Augustin et en a fait un témoin du Christ ressuscité. Car c’est lui, Jésus, qu’il a rencontré dans le jardin de Cassiciacum et dont il a pu témoigner tout le reste de sa vie.

Comme saint Paul, Augustin, étant touché par la grâce, a rencontré simultanément et le Christ et l’Église. Pour saint Augustin, comme pour saint Paul, l’Église est indissociable du Christ. C’est pourquoi, Augustin vit en ayant les yeux tournés vers la première communauté chrétienne, car, en elle, il y voit le Christ vivant et agissant. Avec saint Luc, il y voit la communauté « de ceux qui avaient adhéré à la foi » et qui avaient « un seul cœur et une seule âme » tournés vers Dieu, tournés vers le Christ, le Ressuscité, le Vivant.

En faisant l’expérience de la grâce, Augustin a encore fait l’expérience de l’Amour qui dépasse, qui transcende tout amour humain. Lui qui aimait à aimer, a trouvé le seul amour qui pouvait combler, et même dépasser les attentes, les capacités de son cœur.

C’est pourquoi, il n’aura de cesse de vivre de cet Amour, de partager cet Amour, et de vouloir, même, fonder la société des hommes sur cet Amour : la Cité de Dieu sur la terre.

« Nous reconnaissons que nous demeurons en (Dieu), et lui en nous, à ce qu’il nous donne part à son Esprit. » nous a dit saint Jean. Augustin est bien un homme qui a vécu dans l’Esprit, depuis sa rencontre avec le Christ. Voilà pourquoi il est le docteur de l’Amour, le docteur de la grâce.

C’est cet amour de Dieu, répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint (cf. Rm 5, 5) qu’il voudra vivre en communauté. Après sa conversion et son baptême, ayant décidé avec ses compagnons de vivre ensemble, et saintement décidés à demeurer ensemble, il prit contact avec des monastères de Milan et de Rome.

Et voilà ce qu’il y découvre : « La charité est gardée principalement. A la charité, se conforme la nourriture ; à la charité, le langage ; à la charité, la tenue ; à la charité, le visage. On s’unit et on se tient en une seule charité. On considère qu’offenser la charité est comme offenser Dieu. Si une chose s’oppose à la charité, on la repousse et on la rejette. Si quoi que ce soit la blesse, on ne laisse pas durer ce mal un seul jour. Ils savent qu’elle a été tellement recommandée par le Christ et les Apôtres, que si elle seule manque, tout est vide ; si elle est là, tout est plein. » (De mor. Eccl. I, 33, 67)

Voila pourquoi, il mettra en tête du règlement de son monastère : « Avant tout, frères très chers, que Dieu soit aimé, ensuite, le prochain, puisque ce sont là les préceptes qui nous ont été donnés en premier lieu. »

Eh bien, nous qui vivons sous sa Règle, demandons à saint Augustin la grâce de vivre de son esprit. Demandons pour chacun de nous que, comme lui, la Parole vienne percuter notre cœur, que la Parole le guérisse, le purifie, pour que, sous la conduite d’Augustin, nous puissions devenir une communauté, des communautés qui vivent réellement de l’Amour du Christ.

Amen