Saint Augustin, solennité

28 août 2020

  • Frère Omer COULIBALY Frère Omer COULIBALY

Frères et Sœurs, qu’est ce que nous célébrons aujourd’hui ? La fête d’un Docteur de l’Église ? La fête d’une tête bien pensante, bien faite ? La fête d’un personnage qui a marqué l’Église profondément dans la théologie ? Je crois qu’aujourd’hui si nous fêtons Saint Augustin, nous fêtons le cheminement d’un être humain, cheminement à la fois spirituel, à la fois intellectuel, bien sûr, à la fois affectif.

Lorsque nous regardons de près la vie de Saint Augustin, dans sa jeunesse, nous remarquons qu’il avait une jeunesse assez agitée. Il a fait beaucoup de rencontres, des rencontres qui l’ont aidé, mais des rencontres aussi qui ont un peu abîmé sa vie, et il était un peu comme désœuvré, désemparé, et à la fois à l’intérieur de lui comme une force qui le poussait vers la lumière. Il a fricoté un peu avec toutes les sectes, enfin un certain nombre de sectes de son époque, il a pratiqué certaines religions qui n’étaient pas forcément de vraies religions jusqu’à ce qu’il fasse la rencontre, un jour, de Saint Ambroise ; et Ambroise l’a conduit à Jésus.

Alors, Augustin fait le cheminement d’une conversion dans sa vie affective qui était abîmée, un peu désordonnée, et là, avec la rencontre du Christ il décide de consacrer toute son existence à deux choses : la recherche de Dieu sans cesse et se mettre au service de l’Église, du Corps du Christ qui est répandu à travers le monde.

Et lorsque nous regardons la règle de Saint Augustin, elle prend sa source dans la première lecture que nous avons entendue. Deux désirs l’habitaient, l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Voilà l’essentiel de la règle de Saint Augustin, voilà l’essentiel de tout ce qui a animé la vie de ce grand Saint et qu’il a partagé à travers ses écrits et qui sont parvenus jusqu’à nous,

Et il nous donne quelques directives : Dieu en premier et le prochain : Aimer Dieu, c’est aimer Dieu avec toute son existence, c’est-à-dire toutes ses facultés internes, intellectuelles, affectives et toute sa force en tant qu’un être humain. Quelque part Saint Augustin nous permet de reconnaître, de percevoir un mystère avec double réalité, une double réalité : le mystère de la grâce qu’il a reçue avec sa conversion et que nous nous recevons par le baptême, et le mystère de sa nature, qui a été créée voulue par Dieu, aimée par Dieu, qui par moments peut s’égarer de Dieu et s’abîmer. Cette nature humaine a besoin d’un bien, d’une vérité absolue. Et cette vérité, la nature humaine ne peut la retrouver qu’en Dieu et en Dieu seul. Aucun être humain ne peut causer cette vérité fondamentale dans son prochain. Aucun être humain ne peut instruire le cœur humain d’un amour parfait, si ce n’est Dieu et Dieu seul.

Alors, comment pouvons-nous vivre à la fois avec cette nature qui appelle à la grâce et vivre aussi de la grâce de Dieu dès ici-bas dans notre condition humaine qui tend vers son achèvement ? Saint Augustin nous propose la vie fraternelle. Cette vie fraternelle n’est pas l’apanage seulement des religieux et surtout de ceux qui vivent sous sa règle mais c’est simplement la vie chrétienne qui est proposée. Cette vie chrétienne n’a que pour unique bien, Dieu et Dieu seul, et tous les autres biens s’orientent, se dirigent vers ce bien unique qui est Dieu. Pour acquérir ce bien unique, nous passons, bien sûr, par la grâce du baptême, mais aussi par la méditation de la Parole de Dieu qui, petit à petit, façonne notre être de chair, notre nature humaine, et la conduit effectivement vers son but final qui est en Dieu et qui fait de nous des fils et des filles adoptifs de Dieu.

Demandons au Seigneur, par cette célébration eucharistique, de nous renouveler non seulement dans la grâce reçue à notre baptême mais de nous renouveler aussi à travers les sacrements que nous pratiquons, l’Eucharistie, le sacrement de la Réconciliation. Amen.