27e Dimanche du Temps Ordinaire (A) 2023
8 octobre 2023
- Frère Philippe-Marie VAGANAY
INTRODUCTION : PERE PHILIPPE-MARIE
Bienvenue aux confirmands du doyenné de LAVAL, ainsi qu’à leurs familles. Bienvenue à Dom Pierre Alphonse qui les accompagne, curé de Ste Thérèse et Thévalles à LAVAL.
« L’amour quand il est grand ne peut rester sans acte », venons-nous de chanter, et si nous venons aujourd’hui à la messe c’est précisément pour être non seulement les témoins, mais les bénéficiaires du plus grand acte d’amour qui n’ait jamais existé, Jésus qui a donné sa vie par amour pour nous sur la croix, et à chaque messe nous sommes placés devant la croix de Jésus. A chaque messe, cet amour fou de Jésus nous est donné dans la mesure où nous ouvrons notre cœur, où nous acceptons d’accueillir cet amour. Alors oui, ouvrons à plein notre cœur.
Les confirmands se sont confessés hier justement, ils ont ouvert leurs cœurs à la miséricorde. Hé bien nous aussi au seuil de célébrer le mystère de l’Eucharistie, hé bien, reconnaissons que nous avons péché, ouvrons-nous à l’amour, à la miséricorde du cœur de notre Dieu.
HOMELIE : PERE PHILIPPE-MARIE
Les lectures de ce dimanche viennent mettre en lumière, à la fois la bénignité, la bonté de Dieu, et la malignité de l’homme. Dans sa bénignité, dans sa bonté, Dieu ne cesse de faire confiance en l’homme, et dans sa malignité l’homme ne cesse de manifester sa défiance, et même son hostilité par rapport à Dieu.
Nous sommes en automne, à la saison des vendanges, et des pressurages, et par cette image de la vigne qu’Isaïe et Jésus nous parlent de cette relation entre Dieu et son peuple, entre Dieu et l’humanité pécheresse. En Isaïe, c’était notre première lecture, la relation entre Dieu et l’homme est présentée comme celle d’un bienaimé avec sa bienaimée. Dieu est un amoureux. L’homme, sous l’image de la vigne, c’est la bienaimée de Dieu. Dieu fait tout pour sa bienaimée, il fait tout bien : Il plante sa vigne sur un coteau fertile, pas sur une mauvaise terre, non, sur la meilleure terre, il retire les pierres, il met un plant de qualité, il battit une tour de garde, il creuse un pressoir. Et Dieu vit que cela était bon, que cela était très bon, Dieu a tout fait pour l’humanité, Dieu a tout donné. Il a été son gardien, c’est le bienaimé qui a tout fait. La vigne, la bienaimée n’a eu qu’à se laisser faire, et pourtant, au lieu de produire de beaux raisins, elle en a donné des mauvais, de mauvais fruits.
Jésus reprend ce poème d’Isaïe et le complète :
- « Après avoir tout fait, et tout fait bien, le bienaimé confie cette vigne à des vignerons avant de partir en voyage »
Jésus veut nous montrer que Dieu nous confie des responsabilités parce qu’il nous fait confiance. L’éloignement du propriétaire de la vigne souligne à quel point Dieu nous veut libres et responsables :
- « Dominez la terre, et soumettez-la »
Est-ce que je crois que Dieu me fait entièrement confiance ?
- « Quand arriva le temps des fruits, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre ses fruits », dit le texte grec.
Ce sont bien les fruits du propriétaire de la vigne précise Jésus, et nous, comme justement Dieu semble loin, nous nous imaginons que nous sommes les maîtres de la vigne.
- « Tout cela je te le donnerai si, te prosternant, tu me rends hommage. Vous serez comme des dieux »
Le venin du doute, inoculé par le serpent de l’origine, a transformé notre confiance initiale en défiance, puis en hostilité vis-à-vis de Dieu, et ce refus de Dieu aboutit à des vendanges sanglantes. Les serviteurs du maître de la vigne sont frappés, tués, lapidés par les vignerons, c’est-à-dire tués à coups de pierres. Malgré cela, le propriétaire envoie d’autres serviteurs, plus nombreux que les premiers, mais on les traita de la même façon.
- « Tu as multiplié les alliances avec eux, et tu les as formés par les prophètes dans l’espérance du salut », nous rappelle la 4ème prière eucharistique.
Dieu n’a cessé de revenir vers nous, d’essayer de rétablir l’alliance, et à chaque fois, c’est le refus de notre côté. Finalement il leur envoya son Fils en disant :
- « Ils respecteront mon Fils »
Invraisemblance de l’amour de Dieu qui risque tout tant sa confiance en l’homme est inébranlable « ils respecteront mon Fils ».
Par cette parabole Jésus nous révèle le plan de Dieu qui va jusqu’à l’absurde humainement parlant. Accepter de perdre son fils, son unique, le fils saisi, jeté hors de la vigne et tué, c’est la prophétie de Jésus que l’on saisira, et emmènera en dehors de la ville sainte pour le faire mourir. Mais cette absurdité, cette folie de Dieu est plus sage que l’homme nous dit St Paul. Ce n’est qu’en constatant, qu’en faisant l’expérience de cette confiance inconditionnelle de Dieu pour l’homme que ce dernier se laissera enfin toucher et saisira la main tendue par le Père.
C’est ainsi que Jésus, pierre rejetée par les bâtisseurs, devient pierre d’angle. Jésus devient la base sur laquelle peut se reconstruire la cité de Dieu écroulée. Il est à la fois la pierre d’angle et la clé de voûte dont dépend justement toute la solidité de l’édifice, et cet édifice c’est l’Eglise. Jésus ose s’affirmer comme l’élément essentiel du grand dessein de Dieu, d’où l’importance vitale d’appuyer toute sa vie sur Jésus, comme les pierres qui s’appuient sur la pierre d’angle. Cette folie de l’amour et du dessein de Dieu qui est plus sage que l’homme nous permet alors de mieux comprendre l’injonction de St Paul dans notre deuxième lecture :
- « Frères, ne soyez inquiets de rien »
Nous constatons que notre monde d’aujourd’hui, gouverné par un athéisme acharné, refuse et combat le primat de Dieu, et préfère conduire l’humanité à la mort ; le projet de loi sur le projet de suicide assisté en est un des avatars. Même dans l’Eglise, on peut craindre des risques de fissures, voire de fractures.
- « Ne soyez inquiets de rien », nous dit St Paul.
Et Jésus nous le montre à travers justement cette parabole, Dieu est au contrôle. Par contre, St Paul ajoute :
- « Mais en toutes circonstances, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaitre à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui surpasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus »
Nous sommes aujourd’hui engagés dans un combat spirituel sans précédents, inégalé, et ce sont les armes spirituelles, la prière, la louange, les sacrements, qui nous permettent de nous associer à la victoire du Christ, et d’être gardés par Lui. Quand tout semble s’écrouler, quand tout semble tomber en ruines, Jésus, ainsi que Marie à PONTMAIN, nous invitent à grandir, à nous fortifier dans l’espérance, à mettre toute notre confiance en Lui, quoi qu’il arrive, et à prier :
- « Mais priez mes enfants »
C’est ce que disait déjà St Paul. Après la Croix, viennent la résurrection et la Pentecôte, et Jésus a dit à Ste Julienne de NORWICH :
- « Tout finira bien »
Alors, ne soyons inquiets de rien, mais redisons à Jésus :
- « Jésus, j’ai confiance en Toi »
Et nous pouvons le redire tous ensemble « Jésus j’ai confiance en Toi ».
AMEN