LA PRÉSENTATION DE JÉSUS AU TEMPLE 2 FÉVRIER 2024
2 février 2024
- Monseigneur Matthieu DUPONT, évêque de Laval
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INTRODUCTION de la Procession et de la Messe : MONSEIGNEUR MATTHIEU DUPONT
Frères et sœurs bien-aimés, il y a quarante jours nous avons célébré dans la joie la Nativité du Seigneur. Voici maintenant arrivé le jour où Jésus fut présenté au temple par Marie et Joseph. Ils se conformaient ainsi à la loi du Seigneur, mais en vérité, ils venaient à la rencontre du peuple des croyants. En effet, le vieillard Syméon et la prophétesse Anne étaient venus au temple sous l’impulsion de l’Esprit Saint. Eclairés par ce même Esprit, ils reconnurent leur Seigneur et l’annoncèrent à tous avec enthousiasme.
Il en va de même pour nous, rassemblés par l’Esprit Saint à la rencontre du Christ. Nous Le trouvons, nous Le reconnaitrons à la fraction du pain en attendant sa venue dans la gloire.
Prions le Seigneur :
Dieu éternel et tout puissant, Dieu de majesté, nous T’adressons cette prière : Puisque ton Fils unique, ayant pris notre chair, fut en ce jour présenté dans le temple, fais que nous puissions, avec une âme purifiée, être présentés devant Toi, par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur qui vit et règne avec Toi dans l’unité du Saint Esprit, Dieu pour les siècles des siècles.
HOMÉLIE : MONSEIGNEUR MATTHIEU DUPONT
« Il Lui fallait donc se rendre en tout semblable à ses frères »
C’est par ces mots que l’auteur de l’épître aux Hébreux nous présente la nécessité de l’Incarnation, et en ce 2 février nous fêtons traditionnellement la fin du temps de Noël, même si le temps ordinaire a déjà habité nos communautés après le Baptême du Seigneur. Et en cette fête de la Présentation du Seigneur au temple, il est de coutume de pouvoir honorer la vie consacrée, et c’est pour cela que je suis très heureux, malgré une voix chancelante, vous l’entendez, hé bien, de pouvoir être présent avec vous ici, en tant que votre nouvel évêque nommé de Laval.
Fêter la vie consacrée, comme je vous le dirai tout à l’heure, c’est honorer une dimension essentielle de la vie de l’Église, une dimension bien incarnée par vos communautés, par chacun et chacune d’entre vous. Et ainsi, lorsque nous entendons dans la lettre aux Hébreux « qu’il fallait donc qu’Il se rende en tout semblable à ses frères », d’une certaine façon vous manifestez quelque chose de cette incarnation. Et c’est pourquoi, à l’écoute de cet Évangile, il m’a paru bon, tout simplement, de nous mettre à l’école de Syméon, d’Anne, et bien sûr de la Vierge Marie, pour pouvoir peut-être relever et vous partager quelques aspects de la vie consacrée, tels que je les perçois, et tels que l’Évangile, d’une certaine façon, nous les offre : l’abandon, le débordement et la vérité, abandon, débordement et vérité.
Tout d’abord, l’abandon, à travers la figure de Syméon. Syméon, cet homme qui a reçu l’enfant dans ses bras. Certes, il l’a reçu au titre de son ministère de prêtre dans le temple, mais il l’a reçu en accueillant ce Sauveur qu’il n’imaginait, peut-être pas, arriver à lui sous cet aspect. Quelque part, Syméon a pu cultiver durant toute sa vie ce qui lui a permis d’accueillir son Sauveur en la personne de Jésus. Il a été rendu capable de recevoir Dieu. Et dans la vie consacrée, comme dans toute vie chrétienne, il nous faut cultiver cet abandon, abandon non pas pour lui-même mais abandon pour recevoir le Seigneur qui se présente à nous, certes, au début de notre vie religieuse, dans le cours et à la fin, hé bien, sous des traits qui peuvent être bien différents, que cela soit pour nous-mêmes ou pour nos communautés. Avec Syméon, cultivons l’abandon pour mieux recevoir le Seigneur qui vient.
Anne, Anne est celle que j’aime à voir comme celle qui loue le Seigneur. Anne proclamait les louanges de Dieu, et pourtant, elle a été veuve très tôt, et pourtant, elle est avancée en âge. Elle aurait beaucoup de raisons de se morfondre, voire même de cultiver une certaine amertume, mais, ce qui sort de son cœur c’est le débordement de la louange de Dieu. Ce débordement, cette capacité à louer le Seigneur est une grâce, très chers frères et sœurs, qu’il nous faut sans cesse demander, car à vue humaine, parfois les raisons de louer peuvent être bien faibles, voire absentes. Et pourtant, Anne est un modèle, modèle de fidélité, mais aussi et surtout modèle de louange. Si avec Syméon, dans l’abandon, nous avons celui qui a su recevoir et qui reçoit toujours le Seigneur, avec Anne nous avons celle qui a su laisser la louange déborder son cœur, et il y a pour nous, je le répète, un modèle que la louange de Dieu puisse toujours nous déborder quelque soit notre situation, notre vie, ici Anne est ce beau, et ce bon modèle.
Enfin bien sûr, nous avons en Marie le modèle, peut-être par excellence, de la vie consacrée. Elle est Celle, dont nous dit l’évangéliste, dont le cœur, l’âme, seront traversés d’un glaive. Ainsi seront dévoilées, par le signe de contradiction qu’est Jésus, les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. La Vierge Marie est Celle qui, au plus près, a su percevoir et éprouver la vérité, vérité de son Fils, vérité de son monde, vérité de ses contemporains, car en effet, Elle avait cette particulière acuité qu’aux noces de Cana, Elle a pu révéler du manque ou de la blessure de l’humanité.
Ainsi, très chers frères et sœurs, cette mission que vous avez aussi de prier, d’œuvrer, de secourir en vérité notre humanité blessée, la Vierge Marie l’a vécue en sa chair, cette vérité qu’il nous faut accueillir aussi pour nous-mêmes, cette vérité que le Christ, ce signe de contradiction, vous êtes certainement appelés, comme notre Église, à oser. La vérité est parfois crucifiante de notre existence, osez la vérité parfois crucifiante sur nous-mêmes et sur notre monde. Ainsi en Marie nous avons le modèle de Celle qui a consenti à cette vérité.
Ainsi, l’abandon, le débordement et la vérité sont peut-être ce que je reçois de l’Évangile de ce jour et que je souhaitais vous transmettre au nom de Dieu, que je puisse compter bien sûr sur votre prière, que je puisse compter sur votre présence au cœur de notre diocèse est pour moi un grand réconfort, que nous puissions ensemble cheminer à la suite du Seigneur, comme nous l’avons fait au début de cette célébration par la bénédiction des cierges.
Que le Seigneur nous bénisse, qu’Il nous accompagne, et qu’Il nous donne les grâces pour être au milieu du monde ses témoins. Amen.