SAINTE MARIE, MÈRE DE DIEU, 1er Janvier 2024
1 janvier 2024
- Frère Jean François CROIZÉ
INTRODUCTION : PERE JEAN-FRANCOIS
Aujourd’hui 1er janvier, placé sous le vocable de Sainte Marie, Mère de Dieu, est une journée de prières pour la paix. La nouvelle année commence sous le signe de la Sainte Mère de Dieu qui a donné naissance à Jésus, le Verbe fait chair, et son regard maternel est le chemin pour renaitre, grandir, son regard est du côté de la vie, et elle met fin à la domination d’une idole païenne qui a donné son nom au mois de janvier, januarius, janus. C’est une divinité des commencements et des fins des choix, des clés, des portes. Et ce titre de Sainte Marie Mère de Dieu, proclamé solennellement lors du concile d’Éphèse en 431, et repris au concile de Chalcédoine, affirme la véritable nature de Celui qu’Elle a donné au monde, que Jésus Christ, tout en étant vrai homme, est vraiment Dieu.
Marie poursuit sa tâche de mère, car les disciples du Christ que nous sommes, sont pour Elle des fils et des filles qu’Elle accompagne de sa foi et de sa prière maternelle.
Entrons dans cette célébration du mystère de l’Eucharistie, en reconnaissant que nous avons besoin d’un Sauveur pour le pardon de nos péchés.
HOMELIE : PERE JEAN-FRANCOIS
Chers frères et sœurs, aujourd’hui, en ce premier jour de l’année civile placé sous la protection de Sainte Marie Mère de Dieu, nous accueillons la bénédiction du Seigneur Lui-même que nous avons entendue :
- « Que le Seigneur te bénisse et te garde, que le Seigneur fasse briller sur toi son visage qu’Il se penche vers toi. Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’Il t’apporte la paix ».
Qu’espérons-nous de plus de la nouvelle année qui s’ouvre aujourd’hui ? La bénédiction du Seigneur nous rejoint, nous qui, dans la foi, veillons et attendons. Noël est venu fonder, nourrir notre espérance chrétienne. Chaque année, la fête de Noël stimule en effet notre vigilance en nous manifestant que Dieu est avec nous. Il s’est incarné, vraiment, Il a reçu la circoncision, s’est intégré dans un peuple, et Noël nous apprend à accueillir l’Emmanuel qui ne cesse pas d’advenir dans notre quotidien. Si nous avons célébré Noël au cœur de la nuit, c’est bien pour signifier que nous sommes encore dans l’attente du plein jour. Et pour mener une vie dans la foi, c’est-à-dire une attente vigilante en ce premier jour de la nouvelle année, nous recevons un guide et un soutien en la personne de la Vierge Marie.
L’Évangile nous met effectivement en présence de Marie, en nous rapportant que, silencieuse, calme et présente, elle retenait, méditait dans son cœur les évènements du mystère de la Nativité, tandis que les Anges, les bergers, dans la fébrilité, l’excitation, l’agitation intenses se bougent, parlent, racontent et louent Dieu de ce qu’ils ont vu et entendu.
Dans l’intériorité comme dans l’extériorité il y a le regard du Père et l’activité lumineuse de l’Esprit-Saint. Voilà donc bien la manière dont nous sommes invités à vivre chacun des jours de l’année à l’école de Marie notre mère, en retenant les évènements, en les méditant dans notre cœur dans la lumière de l’Esprit Saint. Et, comme les bergers pour en témoigner et louer.
Ce que Marie retient et médite dans son cœur, l’Évangile vient de nous le montrer, c’est ceci, le nouveau-né couché dans une mangeoire, dont Elle sait qu’Il est né de son sein virginal, conçu de l’Esprit Saint, et que le nom qui Lui a été attribué, celui de Jésus, ce qui veut dire « Dieu sauve ». C’est un enfant dont les bergers rapportent, selon le message des Anges, la bonne nouvelle qu’Il est le Sauveur, le Messie, le Seigneur, et dont la naissance a été accompagnée de ce chant céleste :
- « Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime. »
Ce que Marie retient et médite dans son cœur, c’est la réalité de cet enfant fragile et démuni, en qui Elle reconnait le Sauveur d’un monde abimé par le péché et en attente de salut. Et de façon surprenante et tout à fait inattendue, Dieu ne vient pas sauver par la puissance conquérante, mais par l’amour désarmant d’un faible enfant.
Par cet enfant, comme l’affirme une préface du temps de la Nativité, s’accomplit l’échange merveilleux où nous sommes régénérés. Autrement dit, si en Jésus Christ, Dieu prend ainsi notre condition de créature humaine, c’est pour nous faire renaitre avec Lui. Comme nous l’a signalé à l’instant l’épitre aux Galates, le Christ est venu pour faire de nous des fils, et nous pouvons aisément vérifier la vérité de cette bonne nouvelle de salut et renaissance.
De fait, au milieu de temps très troublés bien sûr, en contemplant et en accueillant l’Enfant-Dieu de la crèche, tous les hommes deviennent meilleurs, deviennent un peuple ardent à faire le bien, comme le dira par expérience St Paul. Et l’histoire nous rappelle qu’à Noël, l’Église est témoin de nouvelles naissances. Des personnes franchissent le seuil d’une église, se recueillent devant l’enfant de la crèche en ouvrant leur cœur à Dieu. Des personnes qui s’opposent violemment acceptent de faire la trêve de Dieu. Des voisins qui s’ignorent s’invitent pour partager un moment de convivialité. Ceux qui se trouvent en marge de la vie sociale sont accueillis généreusement. Les malades, les personnes âgées, les détenus, les isolés, sont visités. Des pauvres, oubliés, reçoivent des cadeaux. Partout les gestes de partage fraternels se multiplient. C’est une véritable révolution de l’amour pour les hommes de bonne volonté, une révolution qui n’est imposée que par la vérité de l’amour, vérité révélée dans le nouveau-né de la crèche.
Le changement s’opère tout simplement parce que, face au nouveau-né de la crèche, chacun découvre cette vérité simple qu’il ne peut pas y avoir de bonheur sans les autres, et prend conscience qu’il ne peut pas y avoir de bonheur non plus, sans le don de soi-même, puisque nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu qui fait alliance avec nous, et se donne à nous. Chacun expérimente que ce qui le comble de joie authentique et durable, ce n’est pas l’acquisition de biens temporels plus ou moins utiles, mais c’est l’amour, l’amour que nous recevons gracieusement de Dieu, et que nous partageons, non moins gratuitement, avec nos frères.
Tout au long de l’année 2024 nous avons donc à être des veilleurs avec Marie, en retenant les évènements de la Nativité, en les méditant dans notre cœur, et en mettant en pratique le commandement de l’amour. Qu’est-ce qui nous empêcherait de poursuivre tout au long de l’année ce qui se vit à Noël ?
Aujourd’hui on parle beaucoup de l’écologie, de la nécessité urgente de changer de mode de vie. Le premier changement opéré est certainement de faire que ce Noël soit chaque jour. Si nous cessons d’attendre et de veiller, si nous renonçons à retenir et méditer avec Marie les évènements de la Nativité, celle de la vie du Seigneur, nous ignorerons celui qui a faim, celui qui a soif, cet étranger qui est sans vêtement, qui est malade, qui est en prison, alors que c’est Dieu Lui-même qui nous visite en la personne de ces petits. Mais si nous entretenons une attente vigilante dans la foi, si nous nous redressons et levons la tête, alors nous verrons Dieu qui ne cesse pas de venir à nous, et l’Esprit Saint d’agir.
Nous le chantons dans chacune de nos Eucharisties, juste après la Consécration :
- « Nous attendons la venue dans la gloire du Seigneur Jésus »
Bonne et sainte année à tous.
AMEN