SOLENNITÉ DU CHRIST, ROI DE L’UNIVERS (34e Dimanche) B 24 novembre 2024
24 novembre 2024
- Frère Marie-Jean BONNET
Accueil :
« Il a enflammé nos cœurs. » Oui, merci chers jeunes de Paris, de la paroisse Notre Dame Arche d’Alliance, de venir nous aider à prier, à enflammer nos cœurs pour louer le Seigneur aujourd’hui.
La solennité du Christ-Roi de l’univers est comme une anticipation, cette célébration est une anticipation de cette fête, cette méga-fête, qui se prépare, que nous allons vivre un jour avec les anges et les saints, avec tous les élus, ça va exploser de joie. Ne nous privons pas de nous mettre devant les yeux du cœur, déjà dans cette célébration, ce que Dieu nous prépare, comme dit Saint Paul, qui est inimaginable, qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer. Oui c’est ça que Dieu nous promet, si nous lui tenons la main.
Alors demandons-lui cette grâce en contemplant sa royauté qui est une royauté d’Amour, qui va jusque là. Demandons-lui sa Miséricorde pour tout ce qui contrarie son règne dans nos vies, afin que de célébration en célébration, par toute notre vie chrétienne, peu à peu, nous nous laissions saisir par ce Roi d’Amour.
Préparons-nous frères et sœurs à célébrer ce mystère de l’Eucharistie qui nous sauve, en reconnaissant que nous avons péché.
Homélie :
Cette royauté du Christ que nous célébrons, l’Église ne cesse de la confesser dans la liturgie, puisque chaque oraison, vous le savez bien, chaque prière de la liturgie se termine ainsi : « Par Jésus-Christ ton Fils, notre Seigneur qui vit et règne avec toi, Père, dans l’unité du Saint-Esprit, Dieu pour les siècles des siècles. »
Le Christ règne, donc, déjà, nous le confessons, nous l’affirmons. Et pourtant nous ne cessons de demander dans le Notre Père : « que ton règne vienne ». C’est que le règne de Dieu et de son Christ est discret, pour l’instant. Il est déjà là, au milieu de nous, mais il ne vient pas d’une manière visible, comme l’affirme Jésus aux Pharisiens.
Au terme de l’histoire humaine, viendra la manifestation glorieuse, définitive, de ce règne de Dieu et du Christ. Cette révélation éclatante de la royauté universelle du Christ, le prophète Daniel, nous venons de l’entendre, l’avait déjà reçue et annoncée. Je cite : « Tous les peuples, toutes les nations, toutes les langues le servirent. »
Quelle espérance pour notre monde si blessé ! Ça viendra. C’est dit, il faut y croire. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera pas : « Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas », nous dit Jésus.
Et Daniel avait annoncé déjà une « domination éternelle qui ne passera pas, sa royauté une royauté qui ne sera pas détruite ». Saint Jean, dans l’Apocalypse, nous venons de l’entendre également, confirme à son tour cette venue en gloire du Christ comme souverain de l’univers.
Le Christ est notre Roi, d’abord, premièrement, parce qu’il est notre Dieu créateur avec le Père et l’Esprit-Saint : « car c’est en lui, dit Saint Paul aux Colossiens par exemple, c’est en lui, le Christ qu’on été créées toutes choses dans les Cieux et sur la terre ». Mais il est aussi notre Roi, nous le savons bien. Et c’est pourquoi la croix est dressée dans toutes les églises. Elle est face au peuple de Dieu qui vient l’adorer, qui vient l’écouter, qui vient l’adorer, notre Roi qui nous domine, oui, qui nous domine de son Amour.
Mais il est aussi notre Roi au titre de Rédempteur donc, parce qu’il nous a délivrés de nos péchés, de cet esclavage du royaume des ténèbres. Il « nous a délivrés de nos péchés par son sang, nous a dit Saint Jean, il a fait de nous un royaume, son royaume, et des prêtres pour son Dieu et Père. »
Ce règne du Christ donc, dont nous attendons la manifestation glorieuse, il est pour l’instant discret, presque caché. Je dis « presque », parce que si nous avons les yeux de la foi et les yeux du corps, et les oreilles aussi là où il faut, nous voyons que ce règne de Dieu grandit. Mais il est quand même discret, il faut bien le reconnaitre. Et le monde, et l’esprit du monde fait tout justement pour, au contraire, nous focaliser sur tout ce qui est détraqué. Mais si nous savons ouvrir les yeux, chercher la vérité, j’y reviens, eh bien nous voyons que ce règne de Dieu grandit.
Pourquoi ce règne de Dieu est-il discret ? Mais parce que cette royauté, comme vient de nous dire Jésus, n’est pas de ce monde. Sa royauté n’est pas d’ordre politique. C’est une royauté d’ordre spirituel, qui ne s’impose pas de l’extérieur, mais gagne, conquiert les cœurs par la force d’attraction de la vérité et de l’amour.
Oui, ce règne discret du Christ est un règne d’abord de vérité et d’amour. Vous écouterez bien la préface qui nous décline toutes les qualités de ce règne. Mais je retiens spécialement celles d’être un règne de vérité et d’amour, parce que ce sont les deux grandes dimensions de notre vie humaine, de notre vocation humaine, connaitre la vérité et l’aimer.
Ce règne du Christ est un règne de vérité et d’amour. Dans le règne de vérité, y entrent déjà aujourd’hui, maintenant, ceux qui appartiennent à la Vérité. « Quiconque appartient à la vérité, écoute ma voix », dit Jésus.
Et Jésus essaie, dans sa bonté, dans sa miséricorde, face à ce pauvre homme qui nous ressemble bien peut-être, face à ce pauvre homme qui va s’enfoncer au contraire dans le mensonge, la lâcheté, Jésus essaie, comme il essaiera de sauver Judas. « Mon ami, mais c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme. »
Là aussi devant Pilate, cet homme malheureux, parce que finalement tiraillé, prisonnier du mensonge de ceux qui ont livré Jésus, qui l’ont accusé de sédition, d’un homme dangereux, et puis tiraillé, malgré tout, dans sa conscience, parce qu’il sait que c’est par jalousie qu’on l’a livré. Saint Matthieu nous rapporte ce fait, cette réflexion. Il sait bien que Jésus est innocent, il est tiraillé entre la peur pour sa peau à lui, et finalement le désir de sauver Jésus. Il est prisonnier de cet univers d’extériorité, de paraitre, que sais-je ? Il n’est pas libre.
Jésus, lui, est libre, parce qu’il est la Vérité et la vérité vous rendra libre et Jésus est la plénitude de la vérité. Il est la Vérité. Et il est pleinement libre devant celui qui a le pouvoir, comme dit Pilate, de le condamner ou de le relâcher. Jésus est pleinement libre.
« Dis-tu cela de toi-même ? Es-tu le Roi des Juifs ? Dis-tu cela de toi-même ou bien parce que d’autres te l’ont dit ? » Jésus essaie de le ramener justement à sa conscience, à sa vérité : est-ce que tu cherches profondément la vérité, ou est-ce que tu t’en tiens aux dires des autres, au jugement des autres ? Hélas, Pilate prendra la tangente : « Qu’est-ce que la vérité ? »
Bon, il s’est un petit peu racheté, on peut dire, – même si c’était probablement par ironie envers les Juifs, par mépris des Juifs, ironie envers les Juifs, – qu’il va mettre cet écriteau sur la croix, qui va confesser dans les trois langues principales de la terre sainte à l’époque, l’hébreu, le latin, et le grec, qui va confesser cette royauté de Jésus, jusqu’à la fin des siècles.
Oui, il est un pouvoir bien plus important que le pouvoir politique, c’est le pouvoir de la vérité. Elle finit toujours par triompher. Elle finit toujours par triompher ! Ayons cette certitude, ne nous laissons pas terroriser par les mensonges de ce monde et ils sont nombreux, nous le savons bien. « Si vous demeurez dans ma parole, vous connaitrez la vérité et la vérité vous rendra libres. » Une parole que Saint Jean-Paul II aimait beaucoup citer.
Règne de vérité, le règne du Christ est un règne d’amour aussi. Car la vérité ultime, fondamentale, originelle et éternelle, c’est que Dieu est Amour, que Dieu n’est qu’Amour, et que l’homme, image de Dieu, est créé pour aimer lui aussi pleinement, par cet amour reçu de Dieu, quand il s’ouvre à cet Amour qui vient de Dieu. « Quand j’aurai été élevé de terre, dit Jésus, j’attirerai à moi tous les hommes. »
Oui, je disais que ce Royaume ne s’impose pas de l’extérieur, il s’offre et il gagne, malgré tout. Il nous conquiert, quelque part. Il nous séduit, mais dans un sens positif, parce qu’il respecte notre liberté. Il nous attire, oui, par la force d’attraction de la vérité et de l’amour. Le Christ en croix attire, aimante notre amour, parce qu’il nous révèle son Amour qui va jusqu’à l’extrême et parce que cet amour est celui d’un Dieu fait homme. Il est le testament définitif de l’Amour miséricordieux de Dieu pour l’homme.
Et combien d’entre nous, je pense que ce n’est pas rare, ont été touchés oui, intérieurement, en contemplant un Christ en croix. C’est important, les saints le disent, c’est important de brûler du temps devant un crucifix, de prendre le temps de le contempler. Certains saints, je ne sais plus si c’est Sainte Thérèse ou d’autres, qui nous disent que c’est le grand livre, la Croix du Christ.
Ceux qui sont ouverts donc à l’Amour écoutent le témoignage de Jésus et l’accueillent. Ils entrent ainsi dans ce Royaume de Dieu, déjà, dès maintenant.
Le Royaume de Dieu est un royaume de prêtres, nous a dit Saint Jean, c’est-à-dire de ceux qui sont en relation avec Dieu et qui mettent en relation avec Dieu. Jésus, Grand Prêtre, nous a remis en relation filiale, en relation d’amour avec notre Père du Ciel. Et par cette relation dans laquelle il nous établit, il nous enracine, nous recevons aussi sur le monde un vrai pouvoir, nous participons au pouvoir royal du Christ, celui d’y introduire petit à petit plus de justice, de paix et d’amour.
« Que ton règne vienne. » Quand nous disons et redisons cela, pensons que nous demandons, – nous entendions ça à l’office ce matin, – Origène commentant cette prière « que ton règne vienne », dit : « Celui qui prie cela doit penser qu’il demande que le règne de Dieu vienne en lui, grandisse en lui, et s’accomplisse en lui. »
Eh bien, demandons les uns pour les autres que ce règne de vérité et d’amour grandisse dans nos vies.
AMEN