ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE 15 août 2025
15 août 2025
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Frère Jean François CROIZÉ
Intégralité de la Messe sur Youtube ainsi que des Vêpres
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Chers frères et sœurs, depuis la nuit des temps, l’Église en Orient, de nombreux chrétiens ont toujours cru que la Vierge Marie avait rejoint son Fils avec son corps et son âme. Pour eux, Marie s’était endormie sans connaitre la corruption de la mort, c’est pourquoi les premiers chrétiens parlaient de dormition de la Vierge.
Aujourd’hui nous communions à l’immense joie du Ciel, Marie entre dans la gloire de Dieu, nous célébrons son Assomption au Ciel, et le Pape Pie XII en la fête de tous les saints le 1er novembre 1950, déclarait :
- « Nous déclarons et nous définissons comme un dogme divinement révélé que l’Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste. »
En son temps, Louis XIII a consacré le royaume de France, le roi et ses sujets, sous la protection de la Vierge Marie. Il a fait élever dans la cathédrale de Paris, la Piéta, cette Piéta, qui a été préservée de l’incendie, qui témoigne de ce vœu.
Hé bien, aujourd’hui en Marie, c’est la plus belle, la plus grande, la plus merveilleuse fête des mères. Offrons le plus beau bouquet de nos fleurs par notre chant et notre prière, et que vos voix fassent vibrer les murs de cette église dédiée à Marie Mère du Rédempteur. Et comme des enfants bien aimés de Marie, ensemble confessons notre amour en confessant la Miséricorde du Seigneur.
Homélie
Chers frères et sœurs, avec la célébration de la solennité de l’Assomption de la Vierge Marie, nous arrivons proprement à un sommet, pour peut-être mieux dire, au sommet des conséquences de l’incarnation du Jésus Fils de Dieu en notre chair. Certes, l’Assomption en tant que telle est unique en Marie, dans le sens que Marie est la seule qui à la fin de son existence s’est trouvée enlevée par Dieu dans son corps aussi bien que dans son âme, comme l’avaient été avant Elle Hénoch et Élie, mais d’une manière suréminente par rapport à ces derniers puisqu’elle est la Théotokos, c’est-à-dire mère de Dieu, et ce privilège insigne, se trouve en étroite relation avec son Immaculée Conception.
Dans cette magnifique fête de l’Assomption de la bienheureuse Vierge Marie notre mère, la liturgie nous donne à entendre un passage du Livre de l’Apocalypse. St Jean évoque la présence de l’Arche d’Alliance dans le sanctuaire du temple du Ciel. Pour les Hébreux, sur terre, l’Arche était ce coffret contenant les tables de la loi, données par le Seigneur à Moïse au moment où Dieu conclut une première alliance avec son peuple. Oui, Marie est la nouvelle arche d’alliance en laquelle s’accomplissent toutes les alliances précédentes. Elle est l’alliance elle-même.
Toujours dans le ciel, St Jean voit apparaitre une femme enceinte ayant le soleil pour manteau, poursuivie par un grand dragon, et elle finit par mettre au monde un fils qui sera le berger de toutes les nations. Bientôt, Il serait élevé auprès de Dieu, et la tradition a vu dans cette femme à la fois, une évocation de la Vierge Marie et du peuple saint, l’Église. Oui, Marie est la figure de l’Église, de notre humanité rachetée, en qui le salut est totalement accompli.
Enfin, St Jean nous dit que la femme s’enfuit au désert. Dans cette affirmation nous pouvons comprendre que Marie s’éloigne de Jérusalem pour Éphèse lors de la naissance de l’Église, une naissance dans la douleur, une Église qui, dès ses premiers développements, connait la persécution des disciples du Christ avec les martyrs dans tout l’empire romain. Et le désert dans la traduction biblique est toujours le lieu de l’épreuve, et le lieu où Dieu se révèle.
La femme de l’Apocalypse évoque Marie mais aussi l’Église qui, au cours des siècles, enfante un peuple nouveau de fils et de filles de Dieu, qui rencontrent à la fois, l’opposition du monde dans toutes les cultures et offre le témoignage des martyrs et des saints, ces hommes et ces femmes rachetés en qui le salut opère de telle manière qu’ils sont transformés par l’Esprit Saint, et annoncent le monde miséricordieux du Père, pour tout le genre humain.
Et le Pape Pie XII en ce 1er novembre 1950, dans la constitution apostolique sur l’Assomption, comme je le rappelais au début de la messe exprimait cette réalité extraordinaire, de manière concise et complète, et il faut se la rappeler. La mère de Dieu, unie à Jésus Christ d’une manière mystérieuse, dans un seul et même décret de prédestination, immaculée dans sa conception, parfaitement vierge dans sa maternité divine, généreuse collaboratrice du Rédempteur, aura apporté un triomphe total sur le péché et ses conséquences. Pour finir, Elle a obtenu comme couronnement suprême de ces privilèges, d’être préservée de la corruption du tombeau. A la suite de son Fils, après avoir vaincu la mort, Elle a obtenu d’être élevée, corps et âme, à la gloire suprême du Ciel pour y resplendir en qualité de reine, à la droite de son Fils, le Roi immortel des siècles.
Aujourd’hui comme hier, l’Église répandue sur la surface de la terre traverse de multiples turbulences. Dans la faiblesse et l’humilité, elle porte au monde le témoignage de la résurrection du Christ Jésus offrant l’espérance de la béatitude éternelle à une humanité blessée, aveuglée par toutes sortes d’idoles, repliée sur elle-même jusqu’au désespoir, désorientée par le cynisme et la violence de certaines puissances de ce monde. Et la fête de ce jour nous présente, le triomphe de l’humble servante du Seigneur, la Mère de Dieu et notre Mère, la Reine de l’univers et la patronne céleste de notre pays.
Avec Elle, chantons à Dieu notre reconnaissance pour les merveilles qu’Il accomplit en notre faveur pour le don de la foi. Nous croyons en la bonté de Dieu, en la miséricorde du Sauveur et en l’amour brûlant et contagieux de l’Esprit-Saint. Hé bien, que la célébration de la fête de l’Assomption ravive notre espérance.
En voyant avec les yeux de la foi Marie s’élever au Ciel, puissions-nous voir, comme dans un miroir, la réalisation de notre destinée. La Parole de Dieu ne peut sortir de la bouche de Dieu sans réaliser sa mission. Ce que nous voyons si bien en Marie aujourd’hui, dans cette fête de son Assomption, puissions-nous aussi par la foi, l’avoir en espérance pour toute l’humanité.
L’Assomption ne fait pas sortir Marie de l’humanité, bien au contraire, Elle en devient la Reine, enveloppée du soleil de justice, couronnée d’étoiles, qui symbolisent la plénitude du peuple de Dieu. Elle est celle qui accomplit de façon incomparable le plan de Dieu voulu, pour nous tous, dès le commencement, ce que nous sommes appelés à devenir, demeurer en Dieu au Ciel. Et si l’Assomption nous parait bien loin, il nous faut rappeler que Marie dans le Ciel de Pontmain se présente comme une mère et comme une reine, et Elle s’adresse à ses enfants pour leur dire combien Elle est présente à chacun d’eux.
AMEN
VÊPRES
Homélie
Avec vous, je voudrais m’arrêter sur trois mots du Magnificat de Marie, ce Magnificat qu’on a entendu ce matin pendant l’Évangile, et que nous allons chanter :
- « Le Seigneur a regardé l’humilité de sa servante. »
Trois mots : le regard, l’humilité, le service.
« Il a regardé », le regard, mais du regard tout chargé de tendresse, de bonté, ce regard qui traverse les apparences pour atteindre les fibres les plus intimes du cœur, ce regard à qui rien n’est caché. Et le regard de Dieu sur Marie, comme disait quelqu’un « si le monde le voyait, le monde serait changé ». Pour voir le regard de Dieu, il faut, une foi qui procède de l’amour et un amour qui procède d’un cœur pur :
- « Bienheureux les cœurs purs car ils verront Dieu. »
C’est parce que Marie était la toute pure, la toute immaculée, que son regard n’a cessé de croiser le regard du Seigneur qu’elle contemple. Dans le ciel de Pontmain, peut-être vous souvenez-vous, seuls des enfants ont vu Marie, le regard plongé dans celui de son Fils, en leur présentant Jésus sur la croix, humilié, mais les grandes personnes regardaient sans voir.
Pensons au regard du Père sur chacun de nous :
- « Je l’avise, il m’avise », disait le Saint Curé d’Ars, un paysan, sans se douter que dans cette phrase, il y a un véritable secret de sainteté.
Il a regardé l’humilité, l’humiliation, la petitesse. En plus de la pureté du cœur, il y a bien ce moyen qui attire sur soi le regard paternel de Dieu, c’est l’humilité, l’humiliation. La miséricorde surabonde là, où la misère est humblement reconnue, malheureusement, le monde prétend se suffire à lui-même, il ne lève pas les yeux vers le Ciel. Dieu se penche avec bienveillance sur l’âme humble, c’est pourquoi, Il a regardé Marie avec tant de dilection, en Elle, c’est l’absence totale de vanité, de recherche d’Elle-même.
Lorsque, dans le ciel de Pontmain le message fut écrit, et se terminant par cette phrase :
- « Mon Fils se laisse toucher. »
Et que l’on commençait à se dissiper, à rire et à chahuter, à ce moment les enfants intervinrent et dirent :
- « Elle tombe en humilité. »
Marie a cette capacité de mère de ressentir douloureusement la légèreté, la désinvolture, le manque de respect de ses enfants et de changer leurs cœurs et le nôtre en nous présentant, l’amour de son cœur en son Fils Jésus. Marie est la bonne terre ouverte à la rosée du Ciel où germe le Sauveur. En Elle, il n’y a ni dureté, ni pierre, ni épines, mais le soleil de Dieu qui rayonne sur ses enfants dans la nuit étoilée. Son humilité, je me limite à ma propre faiblesse, ce que je construis n’a aucune solidité, un jour ou l’autre, tout s’effondrera sans humilité. Ce que j’accomplis n’a aucune efficience, un jour ou l’autre tout sera dispersé. Il a regardé l’humilité, l’humiliation de sa servante, de sa servante, Marie la servante, mieux, sa servante, sa collaboratrice, sa médiatrice, sa mère :
- « Voici la servante du Seigneur. »
Servir, c’est toute sa raison d’être, Elle sert, Elle se donne. Et c’est parce qu’Elle a été servante qu’Elle règne, élevée de terre dans le Ciel, dans le ciel de Pontmain par exemple, Elle attire tout à Elle, revêtue de son diadème, mais, c’est pour tout remettre à son Fils, car servir c’est régner. Elle est reine des anges et des hommes, reine des saints et des martyrs, reine des serviteurs de Dieu, reine et mère de Celui qui est venu non pour être servi, mais pour servir en donnant sa vie sur la croix, rouge de son sang. Ainsi Marie a pu dire :
- « Toutes les générations me diront bienheureuse. »
Eclairée par le Saint-Esprit, exultant en Elle de joie, Marie entend d’avance les échos répétés comme l’orchestration de la salutation de Gabriel, reprise par Élisabeth :
- « Vous êtes bénie entre toutes les femmes. »
Ce que nous égrèneront pendant notre pèlerinage.
C’est bien ce qu’il s’est passé lorsque, pour reprendre l’histoire de Pontmain, le Père Guérin dit à ses paroissiens :
- « Prions, disons le chapelet. »
Et la foule était tombée à genoux sur la neige, devant la grange. Les mots de la salutation angélique, cinquante fois redis à Marie, car, à mesure que la foule la redisait, dans le ciel, l’apparition grandissait au milieu du ciel, de sorte, qu’à la fin des cinq dizaines, Marie avait doublé de grandeur dans le ciel.
Oui, toutes les générations dans tous les pays, dans toutes les langues, dans tous les dialectes, par la bouche des petits enfants, des jeunes gens, des parents, des grands parents, des consacrés, des personnes seules ou abandonnées, des malades et des prisonniers, les Ave montent par milliers, de la terre vers le ciel, comme ces étoiles qui parsemaient la robe de la Dame décuplaient, pareillement à des essaims lumineux. Chaque Ave récité par la foule faisait naitre une nouvelle étoile, comme ces étoiles qui parsemaient la robe de la dame décuplaient pareillement. Chaque Ave, récité par la foule, faisait naitre une nouvelle étoile. Enthousiasmés, les enfants battaient des mains :
- « C’est une fourmilière, criaient-ils, elles tapent sur la robe, elle est presque toute dorée. »
Oui, Marie est bienheureuse de s’être donnée totalement, sans délai, sans mesure, sans détour. Bienheureuse de Lui avoir tout donné comme nulle mère n’a donné à son enfant. Elle est tellement la chair de sa chair, le sang de son sang, mais, plus heureuse de L’avoir donné au monde.
Hé bien, comme pour Marie, il dépend de chacun de nous de répondre oui à Dieu en tout ce qu’il nous demande. Il dépend de nous de nous donner, de nous offrir sans cesse au Seigneur à travers toutes nos activités, et il dépend de nous, par le rayonnement de sa charité en notre vie, de le donner aux autres.Sainte Vierge Marie, nous nous unissons à tous ceux qui actuellement chantent vos louanges au Ciel et sur la terre.
AMEN