27e DIMANCHE du Temps Ordinaire C 5 octobre 2025

5 octobre 2025

  • Frère Marie-Jean BONNET Frère Marie-Jean BONNET

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Quel bonheur de voir une église pleine qui chante à pleine voix. Merci donc aux chefs de chœurs qui sont en session ce week-end ici au prieuré, bienvenue, merci déjà. Bienvenue aussi aux pèlerins, on peut le dire je pense, du diocèse de Vannes qui flashent tous avec leur belle écharpe, et bienvenue aussi à la famille de la Barthe qui sont nombreux aujourd’hui, qui viennent pour vivre une Consécration familiale au Cœur de Jésus et de Marie.

  • « Jubilez, criez de joie. »

Oui, nous vivons l’Eucharistie chaque dimanche pour cela, pour être ressourcés dans la joie chrétienne, la joie qui vient de la victoire du Christ, au milieu de tant d’épreuves de notre monde d’aujourd’hui, que nous connaissons bien, dans ce monde, dans nos familles aussi. Hé bien, le Christ nous rappelle en nous convoquant dans cette rencontre eucharistique, Il nous rappelle sa victoire.

  • « Tenez bon dans la foi, tenez bon dans l’espérance, J’ai vaincu le monde. »

Oui, demandons au Seigneur la grâce de nous ressourcés dans la foi, l’espérance et la joie, par cette Eucharistie.

Préparons-nous, frères et sœurs à célébrer ce mystère qui nous sauve en reconnaissant que nous avons péché.

 

Homélie

J’oubliais de saluer les frères Diacres qui viennent aussi avec les pèlerins du diocèse de Vannes. Soyez les bienvenus.

Nous venons d’entendre cette Parole :

  • « Quand vous aurez exécuté tout ce qui vous aura été ordonné, dites, nous sommes de simples serviteurs, nous n’avons fait que notre devoir. »

Encore un Évangile qui nous heurte peut-être, ou sans doute, comme Jésus sait bien le faire. L’exemple du serviteur et du maître pris par jésus, situation courante en son temps, ne veut évidemment pas nous dire que notre Père du Ciel serait un maître sans reconnaissance pour notre labeur et notre fidélité à son service. Rappelons-nous à ce sujet, la parabole des talents où le maître déclare à ceux qui ont fait fructifier ses biens :

  • « Très bien serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton maître. »

Et Jésus d’affirmer encore ailleurs :

  • « Heureux ces serviteurs que le maître en arrivant trouvera en train de veiller, en vérité Je vous le dis, Il se ceindra, les fera mettre à table, et passant de l’un à l’autre, Il les servira. »

Mais, cet Évangile d’aujourd’hui est, selon les mots du personnel  que j’ai trouvé heureux, un coup de pied du Christ dans la taupinière de l’orgueil apostolique, cet orgueil qui nous fait penser, « Seigneur regarde tout ce que j’ai fait pour toi ». Rappelons-nous, Jacques et Jean revendiquant les premières places dans le Royaume, et Pierre soulignant qu’ils avaient tout quitté pour suivre Jésus, demandaient quelle serait leur récompense. Si un adolescent faisait montre à ses parents, de tous les petits services rendus pour revendiquer quoi que ce soit, on peut imaginer la réponse des parents. Et pourtant, ne sommes-nous pas souvent, sans vouloir nous l’avouer bien sûr, dans une disposition semblable vis-à-vis du Seigneur, dans une relation assez commerciale avec Lui ? « Seigneur, n’oublies pas tout ce que je fais pour toi, sous-entendu, et que d’autres ne font pas », rappelons-nous la prière du Pharisien et du Publicain. Nous oublions sans doute, que c’est Lui le Seigneur qui produit en nous, comme le dit St Paul, et le vouloir, le vouloir faire du bien, et le faire, pour son projet bienveillant :

  • « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? », disait encore St Paul aux Corinthiens.

C’est par grâce, c’est par amour et pour nous faire honneur que le Seigneur nous embauche pour travailler à sa vigne, à la venue de son règne. Nous le découvrirons un jour, quelle grâce nous avons eue de pouvoir connaître Jésus explicitement, non seulement cela, mais de recevoir sa confiance, pour être embauchés à sa vigne, oui. C’est pourquoi, nous pouvons chanter en vérité, nous le chantons de temps en temps encore :

  • « Si le Père vous appelle, à ceci, à cela, à la tâche des apôtres, à travailler à son règne, tressaillez de joie. »

C’est une miséricorde, c’est une grâce. Nous ne le voyons sans doute pas assez. Lorsqu’on aime, on ne compte pas dit la sagesse populaire. Lorsque nous sommes tentés de compter nos mérites, le Seigneur pourrait nous dire : « Et toi as-tu vraiment pris la mesure de ce que J’ai fait pour toi, et continue de faire pour toi ? ». Serviteur jusqu’à la gratuité absolue, c’est ce que Jésus a vécu ici-bas :

  • « Le fils de l’homme, dit-il, n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

Mais, pour suivre Jésus sur ce chemin, ce même chemin de don sans compter, et surtout y persévérer, de quoi avons-nous besoin sinon avant tout de la foi, une grande foi ? Parce que nous ne voyons pas toujours, nous les voyons parfois, le Seigneur est bon, Il nous encourage, mais nous ne voyons pas toujours, ou pas souvent, les fruits de notre labeur à son service.

Jésus qui a loué la Cananéenne :

  • « Femme ta foi est grande », s’est souvent plaint du peu de foi de ses apôtres, d’où leurs prières :
  • « Augmente en nous la foi », et Jésus étonnamment de répondre :
  • « Il en suffirait de très peu pour opérer des merveilles »

Car, la foi est cette confiance et cette ouverture à Dieu qui lui permet ainsi d’agir en nous et par nous. Il suffit que nous entrebâillions la porte de notre cœur et sa puissance peut se déployer alors en nous. Voilà pourquoi, la foi rend possible ce qui nous parait humainement impossible. C’est bien la foi de Marie qui a rendu possible, l’inouï de l’Incarnation.

Dans la première lecture, le prophète Habacuc crie à Dieu sa colère devant ce qu’il ressent comme un silence de Dieu, dans le contexte tragique de son temps. C’était la guerre aussi, bref, et toutes ses horreurs qui y sont liées, un cri qui peut nous habiter parfois, aujourd’hui, certes, c’est vrai que ça nous pose question, ce qui nous parait comme un silence de Dieu. Pour toute réponse Dieu lui demande la patience de l’espérance et la fidélité, c’est-à-dire, tenir ferme dans la foi :

  • « Le juste vivra par sa fidélité. »

Vivra, autrement dit c’est la confiance en Dieu qui nous fait vivre, qui nous vivifie au quotidien, au jour le jour, malgré tout ce qui semble contraire à la vie. Oui, c’est la confiance en Dieu qui nous fait vivre où le soupçon et la révolte détruisent selon les mots de Mme Thabut Marie-Noëlle, que vous connaissez sans doute.

St Paul, lui aussi, exhorte son disciple à la foi devant les épreuves rencontrées dans l’annonce de l’Évangile. Timothée semble gagné par la peur, sans doute un peu timoré de tempérament comme ça nous arrive, aussi sans doute, surtout par le labeur apostolique : « Oh je ne suis pas capable, pensez donc ». Mais tant mieux qu’on ne se sente pas capable, oui tant mieux, parce qu’on n’est jamais à la hauteur dans le travail apostolique certes.

Et l’apôtre l’invite à mettre sa foi dans le don de l’Esprit-Saint qu’il a reçu, c’est-à-dire à compter sur la force, sur la puissance de Dieu à l’œuvre dans sa fragilité humaine. St Paul, lui-même, a une conscience très aiguë de toutes ses limites, de toute sa fragilité, de sa difficulté même à parler semble-t-il, et c’est lui qui pourtant s’écrie :

  • « Je peux tout en Celui qui me donne la force. »

Les dons de Dieu peuvent dormir en nous aussi, comme en Timothée, ou être paralysés par les épreuves et la peur, mais par la foi, la grâce de la foi, cadeau, qu’il faut sans cesse demander certes, comme les apôtres, c’est une belle prière. Par la grâce de la foi nous pouvons réveiller ces dons de Dieu reçus, que chacun, nous tous qui sommes ici avons reçus, ces dons de Dieu, variés d’ailleurs, mais essentiellement, bien sûr, Celui qui en est la source, l’Esprit-Saint, nous pouvons les réveiller pour le service du Seigneur et de nos frères. Simples serviteurs certes, mais, avec le concours de notre foi et notre humble travail, le Seigneur continue ses merveilles aujourd’hui.

AMEN