DIMANCHE DE PÂQUES C 20 avril 2025

20 avril 2025

  • Frère Philippe-Marie VAGANAY Frère Philippe-Marie VAGANAY

Vous pouvez retrouver l’intégralité de la Messe de Pâques sur Youtube :

INTRODUCTION : « Que ciel et terre exultent et chantent, alléluia, Christ est vivant ! » Il est vivant ici, au milieu de nous, en ce moment. Et on vient de dire que « ciel et terre », tous les anges se réjouissent. Tous les anges exultent et ils sont ici, au milieu de nous. Souvent, nous célébrons sans prendre conscience que la liturgie, c’est une seule liturgie de la terre et du ciel. Nous sommes unis à la liturgie du ciel.

Et puis, aujourd’hui, c’est toute la Terre, en tout cas, tous les Chrétiens qui peuvent célébrer Pâques en même temps, le même jour. Cette année les Orthodoxes et les autres confessions célèbrent Pâques aujourd’hui. C’est l’occasion de demander au Christ ressuscité l’unité de tous les Chrétiens. Que nous puissions enfin, célébrer ensemble le Christ ressuscité, d’un même cœur, dans l’unité des cœurs et de la foi.

Homélie

Le matin du jour de Pâques, nous fait apparaitre un paradoxe étonnant : celui dont on célèbre la victoire avec tant d’éclat, on ne le voit pas. Personne ne l’a vu en ce matin de Pâques. Personne ne l’a vu, mais tout a été changé.

Dans notre Évangile, il est beaucoup question de voir. Et pourtant, on ne voit rien. Cela commence avec Marie-Madeleine qui se rend au tombeau de grand matin. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Son regard reste à l’extérieur du tombeau. Et elle interprète la pierre enlevée comme un enlèvement du corps de son Seigneur, alors qu’elle n’est même pas entrée dans le tombeau, pour vérifier son hypothèse. C’est la panique.

Alors, elle court prévenir les disciples. On va beaucoup courir en ce matin de Pâques, pour ne rien voir. Lorsque Pierre arrive au tombeau, il entre et il voit les linges affaissés, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, enroulé, à sa place. Il constate, en effet, que le corps de son maitre n’est plus là. Saint Luc nous dit « qu’il retourna chez lui perplexe, tout étonné de ce qui était arrivé. » C’est l’Évangile que nous avons entendu cette nuit.

Le disciple que Jésus aimait, entre à son tour et l’évangéliste nous dit ces simples mots : « Il vit et il crut. » Il vit quoi ? Jésus ? Non, Pierre vient de constater que son corps n’était plus là. Il vit donc exactement la même chose que Pierre, mais avec une autre profondeur de regard. Une profondeur que seul l’amour peut donner à lui, le disciple que Jésus aimait. Les linges affaissés, le suaire resté à sa place sont, pour lui, le signe que personne n’est venu enlever le corps, mais que celui-ci avait, en un instant, échappé aux lois de la matière et donc, que le Christ est ressuscité, il a vaincu la mort et qu’il n’est plus question de chercher chez les morts, celui qui est vivant, celui qui est Le Vivant.

Le disciple que Jésus aimait, n’a pas plus vu Jésus que Simon-Pierre, mais il voit le signe. Il croit à la résurrection de Jésus. Et cette foi est pour lui une certitude. Et nous qui vivons en 2025, nous sommes comme le disciple que Jésus aimait. En 2000 ans de christianisme, d’innombrables signes nous ont été donnés pour que nous croyons. Pensons à tous les miracles eucharistiques qui jalonnent l’histoire de l’Église. Et le futur saint Carlo Acutis a magnifiquement mis en valeur ces miracles.

Pour notre époque rationaliste et de sciences expérimentales, le signe du Saint-Suaire nous est laissé, pour qu’en voyant, pour qu’en prenant connaissance de toutes les découvertes scientifiques faites sur ce drap mortuaire, nous aussi, nous croyons. La Résurrection nous convoque à la foi.

Ce qui fait dire à saint Pierre que « quiconque croit en lui, en Jésus ressuscité, reçoit par son nom le pardon de ses péchés. » C’était le dernier verset de notre première lecture. Autrement dit, par sa résurrection, Jésus a enlevé l’obstacle qui nous empêchait d’être en relation avec Dieu et avec son amour. De plus, notre foi scellée par le baptême, fait que nous sommes nous-mêmes ressuscités avec le Christ, dans une union telle que nous ne faisons plus qu’un être avec lui.

La résurrection ne concerne pas Jésus seulement. Mais, dans la résurrection de Jésus, nous sommes touchés, nous devons, nous aussi, ressuscités. Autrement dit, la foi et le baptême nous font vivre de la vie même du Ressuscité. C’est prodigieux cela. Et c’est ce qui suscite en nous une telle joie.

La résurrection que nous fêtons, ne concerne donc pas que Jésus. Jésus est le premier des ressuscités. Et notre résurrection, notre vie éternelle commence au jour de notre baptême.

Cela a une conséquence très importante. Et c’est saint Paul qui nous l’a dit, dans la deuxième lecture : c’est que nous sommes désormais invités à vivre au niveau des réalités d’en haut, au nveau de la vie du Ressuscité. C’est-à-dire, avec ce regard du disciple que Jésus aimait et non pas, avec le regard du journal de 20 heures. Nous sommes invités à reconnaitre la présence, l’action du Ressuscité au cœur des réalités de ce monde, afin d’œuvrer avec lui et de participer, de collaborer à sa mission de salut de l’humanité.

Ce qui fait dire au Pape François, dans sa dernière encyclique, je le cite : « Par conséquent, à travers les Chrétiens, l’amour se répandra dans le cœur des hommes, pour que se construise le Corps du Christ, qui est l’Église et que s’édifie une société de justice, de paix et de fraternité. »

Le Christ veut passer par nous, pour manifester au monde, aujourd’hui, qu’il est ressuscité et qu’il transforme nos vies. Et de même que le corps du Ressuscité est caché aux yeux des disciples, nous qui sommes ressuscités avec le Christ, et c’est encore saint Paul qui le dit, « Notre vie reste désormais cachée avec le Christ en Dieu. »

Voila pourquoi, le monde ne peut pas nous comprendre. Notre être de Chrétien est un appel à vivre les moindres détails de notre vie au niveau de Dieu, en relation avec Dieu, au niveau surnaturel. Notre monde, sans repère et sans espérance, a besoin de voir des Chrétiens habités par le Ressuscité et heureux de l’être. Dans une humanité aussi vide de Dieu que la nôtre, saint Paul nous invite encore à former de petites communautés, des fraternités où s’incarnera, dans l’amour fraternel, la Pâque de Jésus.

Que notre manière de vivre ensemble, unis par la charité du Christ, permette aux hommes de notre temps de croire à leur tour que le Christ est ressuscité, qu’il est vraiment ressuscité. Et que cela les ouvre à l’espérance. AMEN.