16e DIMANCHE du Temps Ordinaire C 20 juillet 2025

20 juillet 2025

  • Frère Jean François	CROIZÉ Frère Jean François CROIZÉ

Intégralité de la Messe sur Youtube

Accueil

Chers frères et sœurs, nous avons la joie d’accueillir les premières familles de la session « Marie Espérance » qui commencera cet après-midi. Joie aussi d’avoir parmi nous des chefs scouts et guides, je crois qu’on les appelle des routiers si c’est bien ça, voilà, qui nous ont bien aidés dans cette préparation, ils seront là parmi nous jusqu’à mercredi. Joie aussi d’avoir aussi parmi nous le Père Dominique du diocèse de Rennes qui a passé cette semaine parmi nous, le Père Silvère qui nous vient du Cameroun qui sera là, parmi nous, jusqu’au 15 août, et le Père Félix de Côte d’Ivoire, professeur et formateur avec qui nous avons une longue amitié depuis Issia, d’ailleurs, il a formé l’un d’entre nous, de Côte d’Ivoire. Merci à vous, chers Pères, de nous rendre visite, voilà, peut-être qu’un jour on aura aussi l’occasion de vous rendre visite en Côte d’Ivoire, si Dieu le permet.

  • « Donnes tes mains pour servir, et ton cœur pour aimer. »

Tes mains pour servir, ton cœur pour aimer, voilà notre offertoire, nos cœurs, nos mains, notre joie, car le Seigneur Lui-même aujourd’hui vient nous visiter particulièrement à travers ses lectures, mais aussi, Martin qui recevra le Christ ressuscité dans son cœur dans la première de ses Communions, et c’est une invitation pour chacun d’entre nous de renouveler dans la ferveur notre première Communion. Il est bon de temps en temps de réinitialiser ce que nous avons vécu, les grâces que nous avons reçues, et d’en remercier le Seigneur.

Hé bien, tous d’un seul cœur et d’une seule âme, chantons la Miséricorde du Seigneur à pleine voix comme vous venez de le faire, en confessant notre amour dans le pardon.

 

Homélie

Chers frères et sœurs, avez-vous remarqué dans la Bible que le Seigneur, soit s’invite ou se fait inviter ? Mais ce n’est pas Lui qui invite. Et là aujourd’hui, là, tout ce que nous en sommes, c’est le Seigneur qui nous invite, à la fois pour nous donner sa Parole, c’est ce qu’Il fait dans tout le Testament, une Parole féconde, mais aussi son corps et son sang. C’est Lui qui nous invite à ce repas eucharistique. Alors, sommes-nous Marthe ou Marie dans cette écoute, c’est-à-dire, acceptons-nous de prendre un peu de temps pour écouter ce que le Seigneur veut nous dire, ou bien est-on accaparés aussi par les multiples soucis, et vous en avez tous, ou alors, sommes-nous un peu des deux, ce que habituellement je pense nous sommes ?

Hé bien, chers frères et sœurs aujourd’hui, la Parole de Dieu nous place devant ce que nous vivons habituellement comme un dilemme, le syndrome de Marthe et de Marie, une tension entre être actifs et être contemplatifs, comme une opposition entre la vie de la nature et la vie de l’esprit. Deux exemples à travers Marthe et Marie, bien sûr on peut aller voir cher Abraham, peuvent nous aider à réconcilier cette apparente opposition, car Saint Paul nous invite à prendre ce chemin de la perfection dans le Christ, c’est-à-dire, être ouverts à l’accueil de l’Amour de Dieu.

Avez-vous observé un aimant ? J’entends par aimant une pièce métallique, lorsque vous placez un aimant au-dessus d’une table où il y a des objets métalliques, qu’est-ce qu’il se passe ? ça crée du mouvement, les choses ne restent pas en place, ça bouge très vite, l’aimant est attractif, il aspire, il attire et en même temps il retourne le métal pour le mettre en phase. Jésus Lui aussi est un aimant, un aimant, c’est-à-dire, qu’Il est habité par un Amour divin puissant qui attire, et cet aimant a un effet particulier par sa douceur, son amour, sa miséricorde qui nous renverse en nous remettant en phase d’amour et de pardon.

Quand on contemple la scène de la première lecture dans l’Ancien Testament, Abraham est installé sous sa tente, il n’est pas occupé, il fait la sieste, il dort, enfin tout le monde dort. Il fait chaud, c’est l’été, c’est le désert près de Mambré, il dort. Tout à coup arrivent trois visiteurs. On nous expliquera que c’est Dieu, et quand Dieu arrive tout d’un coup qu’est-ce qu’il se passe ? Ce n’est pas la panique, mais ça réveille, ça bouge, Abraham se lève, il court, va à leur rencontre, les invite à s’arrêter chez lui, et il demande à Sarah de filer aux fourneaux pour confectionner des gâteaux. Il envoie ses serviteurs pour apprêter un veau pour le repas et lui-même il court à l’étable pour prendre du laitage. Avec tout cela il revient vers les trois visiteurs, eux n’ont pas bougé, ils sont restés là à attendre patiemment.

La conséquence de la visitation et de l’hospitalité empressée, de s’être bougé, est une bénédiction, et la bénédiction est une ouverture à la vie. Ce qu’il nous faut comprendre c’est l’incroyable, Dieu Lui-même s’invite dans la demeure d’Abraham et de Sarah.

Dans l’Évangile c’est un peu la même situation, Jésus s’invite chez Marthe et Marie. Il avait invité aussi ses disciples à l’hospitalité, tout le monde a suivi. Et quelle est la cause de l’agitation de Marthe ? C’est l’inattendu de Jésus. Quelle est la cause de l’attention de l’écoute de Marie ? C’est Jésus, c’est toujours Jésus, c’est l’amour, c’est cela l’amour de la vie. Marthe et Marie sont deux sœurs.

Le service et la contemplation sont deux sœurs, deux sœurs qui sont faites pour vivre et marcher ensemble, complémentaires, ce n’est pas l’une contre l’autre, ça doit aller ensemble. Alors nous, nous avons ensemble à séparer et à opposer. Quand on organise une session « Marie Espérance », le service est absolument important, c’est nécessaire et indispensable, il faut se bouger, se mettre au service.

Prenons un deuxième exemple concret : Voyez une roue de vélo, une roue ça tourne, et ça tourne autour de quoi ? D’un axe. S’il n’y avait pas d’axe ça ne pourrait pas tourner. Il faut un axe, simplement, quand ça tourne, entre ce qui est près de l’axe et l’extérieur de la roue, il y a une certaine distance. Hé bien, l’extérieur, pour faire un tour, parcourt une plus grande distance, tandis que ce qui se trouve plus près de l’axe tourne aussi vite, mais dans le même temps pour un mouvement bien différent. Ça on le comprend. Or, l’axe de nos vies c’est Jésus, c’est stable. On a l’impression qu’il ne bouge pas, c’est comme quand Il est chez Marthe et Marie, Il est assis, Il est la Parole, Il est l’aimant, l’Amour. Et sa présence met en mouvement, c’est surprenant mais c’est comme ça. Et Marie où se situe-t-elle ? Nous la découvrons près de l’axe. Et Marthe où est-elle ? On dirait que Marthe est à l’extrémité, en périphérie, elle tourne autour, le mouvement est forcément plus important quand on est à l’extrémité de l’axe, l’agitation est forcément plus importante, car plus éloignée, et la périphérie de la roue d’un vélo d’un enfant de cinq ans par exemple est évidemment plus près de l’axe, du centre, l’enfant ne fait pas trop la distinction entre l’axe et l’extérieur, puisqu’il est encore assez près, l’enfant étant naturellement plus près de l’axe c’est-à-dire, naturellement, plus proche de Dieu si on ne l’en écarte pas.

Nous utilisons nous des vélos avec des roues qui ont un diamètre deux fois supérieur, dont la périphérie est beaucoup plus éloignée de l’axe, avec un développement plus grand. Sommes-nous pour autant moins proches de Dieu ? Tout dépend où se situe notre centre de gravité. Est-ce l’axe ou l’extérieur de la roue, le lieu du frottement, de l’usure sur le bitume, la terre, la pierre, autrement dit pour nous, où se trouve notre cœur ? Près de l’axe ou bien en périphérie ? Et notre cœur est-il habité par un axe ? Or, si nous vivons à l’extérieur de nous-mêmes, le culte de la façade, sans intériorité, publicité s’y connait, assez loin de l’axe. En voulant inconsciemment ignorer l’axe, hé bien, que va-t-il se passer ? Nous sommes pris dans le vertige de la vitesse, de l’usure, et nous sommes mus par la dispersion des activités pourtant bien nécessaire.

Au fond, ce n’est pas le fait d’être loin qui est important, c’est le fait d’être rattachés à l’axe, d’être axés. Il faut vivre au niveau de son cœur, là où il y a la présence du Seigneur en nous pour rouler loin, longtemps, à l’abri de l’usure du temps et nous prendrons les coups de la vie, mais, avec le recul qui permet la distance entre le cœur et l’extérieur de nous-mêmes, et ça ira beaucoup mieux. Sur le visage, ça va respirer quelque part, et il y aura une paix, je crois que c’est ça, c’est ça que veut nous dire le Seigneur dans l’Évangile, il faut unir les deux, et ne pas les séparer.

L’essentiel qu’il faut unir en nous est à la fois l’action et la contemplation. Ces deux sœurs comme Marthe et Marie, elles sont nécessaires, l’action est nécessaire, simplement la prière est essentielle. Voilà ce qu’il nous est demandé, unifier en nous le travail et la prière. La prière est une relation, d’ailleurs on ne dit pas à son chien « je t’en prie », il ne comprendrait  pas, et puis c’est une forme qui demande une relation. On ne dit pas « je me prie moi-même ». Prière familiale, communautaire, personnelle, il faut tenir de toute façon tout cela, et mettre la prière dans le travail et son travail dans la prière, afin que toute notre vie ne soit plus qu’une prière. La liturgie est un travail qui doit nourrir le cœur.

La vie chrétienne doit être ardemment acquise et résolument contemplative, une vie unifiée, autrement dit, unifiant dans une relation un face à face, un cœur à cœur. Hé bien, soyons comme Marthe et Marie. Et Saint Augustin, dit que ceux qui vivent en commun, de manière à ne faire qu’un, deviennent une seule âme et un seul cœur, en chemin d’unification et unifiant. Unifier, cela ne veut pas dire égaliser, mais cela n’empêche pas de hiérarchiser. Unir n’est pas amalgamer. L’action est nécessaire dans le temps pour fonder ce qui est essentiel et pour l’éternité. La meilleure part n’est pas la plus spontanée ni la plus courante, ni la plus attirante, la meilleure part c’est notre part d’amour partagé, ce que nous appelons une vie de charité.

Hé bien, regardons Marie. Marie qu’est-ce qu’elle a fait pendant trente ans ? Je parle de la Maman de Jésus. Elle a lavé des couches quand Jésus était petit, c’est ce que font les mamans. Elle a fait la cuisine, le ménage, Elle est allée à la fontaine,  Elle est allée chercher de l’eau, Elle a bossé, Elle a bossé toute sa vie. Elle ne s’est pas occupée que de Jésus, je ne crois pas, et dans le village il y a aussi de la misère, il y avait des besoins. Elle ne s’est pas enfermée dans une Bible, d’ailleurs, Elle n’en avait pas, mais Elle avait la Parole, la Parole c’est la vie, ça se traduit concrètement dans les œuvres de miséricorde, faire le ménage, s’occuper des petits, des enfants, des choses simples et humbles qui donnent de la joie au cœur. Jésus pendant trente ans n’a pas causé, Il a bossé, Il a fait la joie de sa Mère, de Saint Joseph et des personnes qu’Il a servies.

Pendant trois ans, bien sûr, Il a prêché, mais il avait quand même trente ans d’expérience derrière Lui. C’est ça se mettre au service des uns et des autres pour donner la joie, la paix, le rayonnement et l’amour.

Pour conclure, hé bien, revenons et recevons cet Amour de Dieu qui fait bouger comme l’aimant, et quand il vient en nous forcément ça remue, ça crée un peu de mouvement et c’est très bon et il en faut.

Hé bien, comme Martin qui va accueillir pour la première fois dans son cœur Jésus, accueillons le Seigneur dans son Eucharistie qui vient en nous comme un feu. Il vient nous apporter l’Esprit-Saint, et s’il y en a un qui met le feu, qui met l’amour qui réchauffe, qui fait le liant, c’est bien Lui. Hé bien, accueillons l’Esprit-Saint dans l’Eucharistie, vivons la Communion les uns avec les autres dans la joie, la paix et la miséricorde, et que votre joie soit votre foi.

AMEN