18e DIMANCHE du Temps Ordinaire C 3 août 2025

3 août 2025

  • Frère Yves  FRÉMONT Frère Yves FRÉMONT

Accueil

Nous sommes heureux d’être rassemblés, durant cet été, autour de Jésus qui nous convoque à ce rassemblement, lui notre ami le plus précieux. C’est un peu le sens des lectures que nous allons entendre tout à l’heure. Tout est vain, en dehors de notre relation au Christ. Sans le Christ, tout est vanité.

Nous aurons aussi à cœur de vivre cette célébration en communion avec ces milliers de jeunes qui sont à Rome, autour du Pape, et qui vivent, en ce moment, la messe du jour. Nous les portons dans notre prière.

Homélie

« Vanité des vanités, tout est vanité ! » Ce sont les premiers mots du Livre de l’ecclésiaste ou Qohéleth et ce qui peut être aussi le résumé de ce livre. Le mot « vanité », ici, n’a pas de connotation morale. Une traduction plus littérale serait « buée de buée », quelque chose d’évanescent, de fugace. Qui peut se vanter de retenir une buée entre ses doigts ?

Une autre expression, à peu près synonyme, que l’auteur affectionne, est celle de « poursuite de vent ». Traduisez : tout sur terre, tout ce à quoi nous dédions nos pensées, nos rêves, nos forces, nos activités, notre temps, tout n’est qu’éphémère, provisoire, passager.

Tout ? Presque. Tout sauf une seule chose au monde. Laquelle ? L’auteur de l’ecclésiaste laisse planer le suspense pendant un certain temps. Il y a des psaumes qui disent la même chose. « L’homme ! Ses jours sont comme l’herbe ; il fleurit, comme la fleur des champs : que le vent passe, elle n’est plus, et la place où elle était l’a oubliée. »

Devant cet apparent pessimisme, on peut se demander pourquoi le Livre de l’ecclésiaste a été retenu dans le canon des Saintes Ecritures. En réalité, il y a, sous cette apparente désespérance, un véritable langage de foi.

Dieu est notre créateur. Toute recherche de bonheur en dehors de lui est vaine. Lui seul détient les clés de la vraie sagesse, la seule vraie valeur au monde, celle qui ne décevra pas. C’est cet abandon dans les mains de Dieu. « Les justes, les sages et leurs travaux sont dans les mains de Dieu », dit l’ecclésiaste. « Dieu donne à l’homme qui lui plait sagesse, science, joie. » C’est toujours l’ecclésiaste qui dit cela.

Et bien sûr la morale de l’histoire, c’est qu’il faut se nourrir de la Parole de Dieu. C’est le seul chemin du bonheur. « Celui qui observe le commandement ne connaitra rien de mauvais », dit encore l’ecclésiaste.

La vraie sagesse, celle que Dieu seul peut donner, c’est l’humilité, celle qui consiste à vivre tout simplement notre vie telle qu’elle est, comme cadeau de Dieu. Qohéleth dit encore : « Tout homme qui mange et boit et goûte au bonheur en tout son travail, c’est là un don de Dieu. »

Le psaume du jour va dans ce sens. « Rassasie-nous de ton amour au matin, que nous passions nos jours dans la joie et les chants. » Saint Paul donne la même orientation. « Recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. » Et Jésus d’affirmer dans l’Évangile : « Gardez-vous bien de toute âpreté au gain, car la vie d’un homme, fut-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses. »

C’est un enseignement que Jésus a fréquemment donné. Il dit : « Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez, car la vie est plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement. » C’était aussi la leçon du Deutéronome : « L’homme ne vit pas seulement de pain. »

L’histoire que Jésus nous raconte dans sa parabole, est celle d’un homme qui a réussi en affaires et qui calcule les meilleurs moyens de profiter de sa réussite. Il commence par mettre en sécurité ce qu’il a acquis, pour se donner désormais du bon temps. Dieu lui dit dans la parabole : « Tu es fou, aujourd’hui même ta vie te sera reprise. » Et ce qu’il aura mis de côté, qui l’aura ? Et Jésus de conclure : « Voilà ce qui arrive à celui qui amasse, pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. »

Dans cette parabole, Jésus dénonce une double soif qui dévore de l’intérieur les riches : la soif de posséder qui se traduit par une accumulation exponentielle – dans le CAC 40, ça se voit – et la soif de jouir de l’existence qui se traduit par des trains de vie époustouflants, où la moindre montre vaut des centaines de milliers d’euros et le restaurant entre amis, le salaire annuel d’un de leurs employés.

Posons-nous la question : Quels sont à nous aussi nos greniers, où nous accumulons de plus en plus, sans même nous en apercevoir ? Quelle est ma soif d’accumulation ? Petite, grande. Pour nous les religieux, dans nos chambres, vous savez, quelque fois, on amasse. Quels sont les greniers que je m’épuise à remplir au point de perdre le sens de mon métier, de ma famille, de mes activités, de ma vocation ?

Tout est vanité, sauf notre union au Christ. Devant les biens que nous avons, qu’ils soient d’ordre matériel, culturel, spirituel, nous devrions toujours nous émerveiller de la confiance que Dieu nous fait, car toute réalité lui appartient. A nous de les gérer pour sa gloire, c’est-à-dire pour le bonheur de tous.

toute la célébration est disponible sur Youtube