23e DIMANCHE du Temps Ordinaire C 7 septembre 2025

7 septembre 2025

  • Frère Jean François	CROIZÉ Frère Jean François CROIZÉ

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Frères et sœurs, préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché.

Seigneur Dieu, par Toi, nous vient la rédemption, par Toi, nous est donnée l’adoption filiale. Dans ta bonté, regarde avec amour tes enfants. A ceux qui croient au Christ, accorde la vraie liberté et la vie éternelle en héritage. Par Jésus Christ ton Fils Notre Seigneur qui vit et règne avec Toi dans l’unité du Saint-Esprit Dieu pour les siècles des siècles.

 

Homélie

Chers frères et sœurs, le texte de l’Évangile de St Luc que nous venons de lire a pour thème principal celui de la montée de Jésus vers Jérusalem, où Il sera mis à mort, il est donc question de la sagesse de la croix. Ayant quitté le repas où Il avait dit qu’il fallait vivre dans l’humilité et dans la gratuité, ce que nous avions entendu dimanche dernier, Jésus reprend sa route vers Jérusalem. Son chemin, plus que physique, est le chemin de son cœur qui le conduira à ouvrir les mains pour les laisser clouer sur la croix.

Sur cette route qui monte vers Jérusalem, Jésus est accompagné d’une grande foule qui faisait route avec Lui. Faire route signifie le chemin de la vie. Faire route avec Jésus, tel est le sens de notre vie parce que, nous faisons aussi partie de ces grandes foules qui marchent avec Lui. Nous aussi, comme les premiers disciples et la foule qui Le suivait, nous sommes appelés à nous décider à faire le pas décisif, à devenir ses disciples, à Le suivre, c’est la vocation baptismale que nous avons reçue. Et c’est à cette foule et non pas à quelques disciples choisis que Jésus trace des exigences qui s’imposent, à quiconque veut le suivre. Ces exigences peuvent se résumer à deux :

  • La première, ne rien préférer au Christ.
  • La deuxième exigence est la disposition à accepter toutes les épreuves, y compris, la non-compréhension et la persécution qu’une telle option radicale peut provoquer.

C’est de cette croix que part Jésus, et non pas de petites pénitences qu’on pourrait s’imposer. Souvent, dans l’Évangile et pas seulement dans le passage de ce jour, le Christ appelle à aller avec Lui, invitant à Le suivre sur le parcours de son cœur, qui est un cœur qui sauve, guérit et pardonne. C’est un cœur de miséricorde.

Toutefois, aucun de ses enseignements ne semble aussi dur, pour ne pas dire déconcertant que celui que nous écoutons aujourd’hui. Il se retourna et leur dit :

  • « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. »

Trois fois, le Christ affirme, avec détermination, qu’on ne peut être ses disciples que :

  • Premièrement, si nous ne le préférons pas aux personnes qui nous sont chères, et même à notre propre vie,
  • Et deuxièmement, si nous ne portons pas notre croix,
  • Et troisièmement, si nous ne renoncerons pas à tous nos biens.

On se demande spontanément, comment est-il possible que Jésus, modèle de douceur, ait prononcé des paroles si dures, qui semblent en contradiction avec d’autres recommandations qu’Il a données souvent, par exemple, celle qui indique qu’il faut honorer ses parents et aimer non seulement son prochain mais aussi ses ennemis ? Il ne s’agit pas de contradictions, mais de paradoxes. En effet, dans différents autres passages des quatre Évangiles, il y a des enseignements paradoxaux :

  • « Heureux les pauvres. »
  • « Si quelqu’un veut être le premier qu’il soit le dernier, le serviteur de tous. »
  • « Qui veut sauver sa vie la perdra. »
  • Etc…

Ce sont des expressions paradoxales comme, les trois demandes rappelées aujourd’hui comme conditions nécessaires pour Le suivre. Ce sont des indications déconcertantes qui expriment la nécessité d’un comportement qui va bien au-delà de ce que l’on appelle le bon sens. Toutefois, ces paradoxes évangéliques ne sont pas déraisonnables, mais ils ont une logique vraie et profonde.

Et pour comprendre la vérité, l’aspect raisonnable du paradoxe du Christ pour Le suivre, il est important de se souvenir que pour aller à sa suite, il faut un amour supérieur, c’est-à-dire, un plus qui ne peut venir de nous, mais, qui assume toujours l’épaisseur de la croix. Pour suivre Jésus, il fait avoir pour Lui un amour supérieur à celui que nous avons pour notre famille, un amour plus grand que celui que chacun de nous a pour sa propre vie, en d’autres termes, il faut porter sa croix. Mais qui en est capable ?

Jésus nous invite à bien faire les comptes, mais ce sont des comptes étranges, moins on a, plus on est sûr de réussir, plus on compte sur Jésus dans un total abandon, dans une confiance amoureuse, plus on est fort de la force du Seigneur, plus on est pauvre de soi, plus on est riche du Christ et plein de sa force qui soutient et pardonne.

Pour suivre le Christ, il faut donc renoncer à tous nos biens. Plus qu’une contradiction, cet appel du Christ semble une folie. L’appel du Christ n’est pas fou, déraisonnable, il est logique. En effet, le Sauveur demande de renoncer à tout, parce qu’on ne peut faire de compromis. On ne peut pas avoir le cœur divisé, sinon on mourrait déchirés. Il est nécessaire de renoncer à tout, parce que pour être ses disciples et sauver le monde, nous devons uniquement avoir tout son amour et toute sa grâce. Nous sommes appelés à un renoncement, pour laisser le champ libre à l’amour  et à la grâce de Dieu.

La soif que le Christ a sur la croix, fait comprendre que l’humanité de Jésus, est le signe, suprême, de la révélation de Dieu à l’homme, qu’elle est la porte, par laquelle il est nécessaire de passer pour comprendre ce qu’est la charité, ce qu’est la vie divine. La charité est Dieu qui descend parmi nous, se penche sur nous et étanche notre soif d’amour et donne sens à notre vie.

Dans la seconde lecture, nous avons un bel exemple de quelqu’un qui a su tout abandonner pour suivre le Christ, c’est l’apôtre Paul. Lorsque Paul a fait son option radicale pour Jésus, cela signifiait pour lui, une coupure radicale avec tout son passé, ses relations antérieures, cela signifiait même la prison, et c’est d’ailleurs, de prison qu’il écrit à Philémon. Et l’exemple de Philémon, à agir lui aussi, à contre courant par fidélité au Christ en recevant son esclave Onésime, non plus comme un esclave, mais comme un frère bien-aimé.

Les exigences concrètes, de la suite du Christ, sont souvent imprévisibles. On ne peut pas parler de croix, de la croix, sans considérer l’amour de Dieu pour nous, le fait que Dieu veut nous combler de ses biens, le chemin de la vie, et ce chemin de la vie, qui reprend et renouvelle les attitudes de Jésus, devient le chemin de la foi et de la conversion, et c’est précisément le chemin de la croix. Il s’agit d’un chemin qui porte à se confier à Lui et à son dessein de salut.

L’Église croit et confesse, depuis toujours, que, seule la croix du Christ est porteuse du salut. Si nous cherchons Jésus sans la croix, nous risquons de trouver la croix sans Jésus, c’est-à-dire, sans la force pour la porter.

Demandons au Seigneur cette sagesse de la croix qui a conduit bien des saints à se sauver aussi avec le Christ, sauver le monde.

AMEN