3e DIMANCHE DE PÂQUES C 4 mai 2025
4 mai 2025
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Frère Yves FRÉMONT
Accueil
Bienvenue aux participants de « Foi et Lumière », ainsi qu’à ceux qui participent au stage d’enluminure ici à la Cotellerie, et puis encore à un 3ème groupe, ceux des danses hébraïques qui sont aussi à l’hôtellerie. Bienvenue à vous et à vous tous, et puis aussi nous sommes invités aujourd’hui avec l’Évangile à accueillir comme les apôtres, le Ressuscité. Il est sur le bord du lac, Il leur a préparé un repas. Hé bien, nous aussi nous accueillons l’Eucharistie, comme les apôtres, nous accueillons le Ressuscité.
Frères et sœurs, préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché.
Homélie
L’Évangile du jour nous dit que Pierre était nu, qu’il n’avait rien sur lui. Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il mit son vêtement et sa ceinture car il n’avait rien, et se jeta dans la mer. Pourquoi l’évangéliste St Jean mentionne-t-il cette nudité de Pierre ? Ce détail est d’autant plus troublant que Pierre se rhabille pour se jeter à l’eau. Normalement c’est l’inverse, car nager avec des vêtements n’est ni facile ni naturel. Evidemment, ce détail est voulu avec un sens spirituel. Essayons d’en découvrir la signification, en lien, bien sûr avec la résurrection de Jésus qui est le contenu de tout ce chapitre 21 de l’Évangile de St Jean.
L’évangéliste Matthieu, au jugement dernier au chapitre 25 dit :
- « J’étais nu et vous m’avez habillé. »
Vêtir ceux qui sont nus est un des critères qui annonce la venue du Christ en la fin des temps. Hé bien, justement, c’est la venue du Ressuscité sur le rivage du lac qui provoque Pierre à se vêtir pour paraître devant Lui. Charité bien ordonnée commence par soi-même. Pierre se revêt symboliquement du Christ. Prendre soin de soi, c’est revêtir la dignité et les mœurs du Christ, au lieu de rester dans un état de nature ne conduisant qu’à des œuvres stériles, à l’image de cette pêche infructueuse de Pierre lorsqu’il était nu.
Dans les premiers siècles de l’Église les nouveaux baptisés savaient qu’ils se revêtaient du Christ en rentrant dans le baptismal où ils étaient plongés nus. En sortant du bain on les revêtait d’un vêtement blanc symbolisant la vie nouvelle dans le Christ. Dans la Bible, la nudité ne glorifie pas la force et la beauté de l’être humain comme chez les Grecs, elle est plutôt cette nudité le signe d’une faiblesse radicale et d’un désarroi existentiel. On pense immédiatement à Adam et Eve dans le Jardin d’Eden, après le péché :
- « Ils virent qu’ils étaient nus. »
Cette nudité nourrit la peur de l’homme de paraître devant Dieu :
- « J’ai entendu Ta voix dans le Jardin, j’ai pris peur parce que je suis nu, et je me suis caché. »
La nudité de Pierre dans la barque, après sa triple trahison, renvoie la nudité du Crucifié en attente du vêtement de la Résurrection.
St Jean une nouvelle fois, dans son Apocalypse, fera le lien entre, la venue du Christ en gloire et le fait de ne pas être nu :
- « Voici que Je viens comme un voleur. Heureux qui veille et garde sur lui ses vêtements pour ne pas aller nu en laissant voir sa honte. »
Être habillé dans le langage de la foi, c’est être revêtu de la vie divine que Jésus est venu nous communiquer, et pour cela, il faut accueillir le Ressuscité, l’homme nouveau. Après avoir été habillé de blanc les nouveaux baptisés étaient aussitôt admis à l’Eucharistie. Afin d’alimenter, de nourrir cette Communion nouvelle au Ressuscité, on mange le Christ, ou plutôt, c’est Lui qui nous mange.
Dans notre Évangile, Pierre lui aussi, après s’être rhabillé, participe au repas préparé par Jésus sur le rivage. Nous aussi, le Christ nous invite à sa table eucharistique. Le Ressuscité s’engage, comme pour Pierre, à une grande proximité avec nous. C’est ensuite, seulement, que le triple reniement de Pierre lui sera trois fois pardonné avec ce célèbre dialogue :
- « M’aimes-tu ? »
Et avec cette réponse du Christ :
- « Sois le Pasteur. »
Pardonner, c’est vêtir l’autre de la tendresse de Dieu pour mener une vie nouvelle, une vie éternelle. Pierre a failli être détruit par son triple reniement, mais le pardon du Christ le rhabille en quelque sorte pour accomplir sa mission de Pasteur. Bonne nouvelle, chaque fois que nos reniements nous mettent à nu, en plein désarroi, tournons-nous vers le Pardon du Christ pour, recevoir de Lui la nouvelle mission qu’Il nous confiera, à partir de là.
Résumons-nous : La nudité de Pierre dans la barque nous appelle à prendre soin de nous-mêmes, c’est-à-dire à veiller à entretenir notre vie d’union au Christ, à prendre conscience de nos désarrois fondamentaux quand nous sommes livrés à notre seule volonté humaine, sans lien avec la volonté de Dieu. Être habillés, c’est croire en la puissance du Baptême qui nous fait échapper à la mort. Être ré-habillés, c’est croire en la puissance du Sacrement de Réconciliation qui restaure en nous la vie divine après la faute. Devant tant de bienfaits divins, surnaturels, nous pouvons comprendre l’affirmation, de l’apôtre Pierre et de Jean, face au Conseil suprême d’Israël :
- « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus que vous aviez exécuté en le suspendant au bois du supplice. »
Et avec St Jean on a l’Apocalypse et on peut chanter :
- « Oui, il est digne l’Agneau immolé de recevoir puissance, richesses, sagesse, force, honneurs, gloire et louange, Lui qui nous sauve tous. »
AMEN
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