DIMANCHE DE LA PENTECÔTE C 8 juin 2025

8 juin 2025

• Frère Marie-Jean BONNET

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La grande fête aujourd’hui, fête de la Pentecôte, c’est le but de la Rédemption, c’est le but de Pâques. Si le Seigneur a offert sa vie, c’est pour nous envoyer l’Esprit pour nous recréer par cet Esprit-Saint.

Il y a 2000 ans, c’était une poignée d’hommes et quelques femmes qui appelaient cette venue de l’Esprit-Saint, et Il a fait des merveilles, et aujourd’hui nous sommes des millions, des millions de chrétiens à appeler une nouvelle Pentecôte. Alors, comment ne pas être dans l’espérance, dans la certitude que le Seigneur entendra nos cris, que le Seigneur entend nos cris ? Il y a déjà les prémices, nous les voyons, de cette nouvelle Pentecôte. Hé bien, remercions déjà l’Esprit-Saint qui est à l’œuvre dans ce monde d’aujourd’hui pour toucher les cœurs, les ramener vers le Père.

Reconnaissons que nous avons péché, reconnaissons tout ce qui entrave  cette action sainte, sanctifiante de l’Esprit-Saint dans nos vies. Demandons la Miséricorde du Seigneur.

 

Homélie

D’abord merci pour votre chant tonique, cela nous fait du bien à tous d’entendre que les uns, les autres nous chantons, nous proclamons notre foi par toute cette liturgie, voilà, nous sommes engagés dans la confession de foi, nous nous faisons du bien les uns aux autres, et nous faisons du bien aussi à ceux qui nous suivent sur les réseaux sociaux, et qui sont justement si seuls parfois. Hé bien, de voir une assemblée, d’entendre une assemblée qui proclame et chante joyeusement sa foi cela, fait du bien.

Les dons, les fruits, l’action de l’Esprit-Saint en nous sont tellement variés que la liturgie lui attribue, vous le savez, de multiples noms, que nous venons d’ailleurs justement d’en chanter quelques uns dans cette séquence de Pentecôte, que vous connaissez, et que vous retrouverez. Ça vaut le coup de prendre du temps, de méditer justement tous ces titres donnés à l’Esprit-Saint, qui sont tous justes bien sûr, et qui expriment une facette de cette action multiforme de l’Esprit-Saint. Il y a ce « veni sancte spiritus », il y a aussi bien sûr le « veni creator », encore plus connu, Père des pauvres, consolateur souverain, paraclet c’est-à-dire tout à la fois avocat, défenseur, conseiller, hôte très doux de nos âmes etc…, j’en passe mais je vous invite justement dans ces temps de prière où, l’Esprit-Saint vous donne rendez-vous, hé bien, de prendre justement cette séquence ou le « veni creator », et de ruminer ces mots si justes et si nourrissants

Je voudrais m’arrêter aujourd’hui, sur son action libératrice. L’Esprit-Saint est esprit libérateur et c’est un titre d’ailleurs, qu’on n’entend pas forcément beaucoup et pourtant, est aussi tellement vrai, l’Esprit-Saint libérateur.

Lorsque les apôtres sont au cénacle avec Marie et quelques femmes, dans l’attente de celui que Jésus leur a promis, il y a foule à Jérusalem. Nous l’avons entendu dans cette première lecture, car ces grandes fêtes, c’est la plus grande fête après la Pâque pour les Juifs, comme le dit Marie-Noëlle Thabut que vous connaissez peut-être, sans doute même, c’est justement la Pâque c’est la libération physique, la sortie de l’esclavage en Égypte, mais il y a des esclavages autres que physiques.

La Pentecôte juive, fête du don de la loi mosaïque au désert est comprise comme la libération, cette fois spirituelle, parce que la loi est considérée comme le chemin de la liberté. Cependant, comme nous l’a appris et développé abondamment St Paul, si la loi est un guide extérieur, un pédagogue, extérieur dit-il, qui faisait partie de cette pédagogie de Dieu, si elle est un guide extérieur, elle ne donne pas en elle-même la force de la suivre. Du reste, et St Paul et St Pierre le confesseront, non, ils n’ont pas eu la force de porter toute cette loi qui s’était alourdie, d’ailleurs, au fil des siècles.

La Pentecôte vécue par les apôtres est le don d’une personne, d’un guide intérieur cette fois, vivant et agissant, qui nous rappelle, nous venons de l’entendre dans l’Évangile, selon les promesses de Jésus qui nous rappelle les paroles et les commandements de Jésus, et cette fois nous communique et le désir et la force de les mettre en pratique. Il nous conduit dans la vérité toute entière, nous dit Jésus, et donc dans la liberté, puisque la vérité rend libre, dit Jésus, des paroles qu’aimait bien notre Pape Jean-Paul II, il savait de quoi il parlait :

• « La vérité vous rendra libre. »

L’Esprit-Saint, oui, est libérateur. St Paul le reconnait aussi lorsqu’il déclare :

• « Là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté. »

De quoi nous libère l’Esprit-Saint ? Hé bien, les lectures de ce jour nous éclairent à ce sujet. Il nous libère trois points, il y en aurait d’autres certainement bien sûr, trois points :

• Il nous libère de la peur de Dieu.
• Il nous libère de la peur du monde et du prince de ce monde.
• Il nous libère de l’esclavage du péché.

Il nous libère d’abord de la peur de Dieu, de cette peur qui est le fruit du péché, illustrée, nous le savons bien, par Adam, après sa faute, se dérobant au regard de Dieu. La peur de Dieu, c’est le fruit du péché. St Paul au contraire vient de nous dire dans cette deuxième lecture que :

• «  L’Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur. C’est un Esprit qui fait de vous des fils, et poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l’appelant Abba, c’est-à-dire Père. »

L’Esprit-Saint, nous donne ainsi l’audace, l’audace, de faire nôtres les mots de Jésus. Reste celui qui nous appris à faire cela, Notre Père, c’est Abba, c’est-à-dire ce mot familier de Papa, notre Père bienaimé, chéri. Oui, l’Esprit nous donne l’audace de faire nôtres les mots de Jésus, de partager quelque chose de cette intimité, familiarité de Jésus avec son Père, expression de l’enfant spirituel, si bien manifesté, en Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. L’Esprit-Saint nous libère de la peur de Dieu.

Il nous libère aussi de la peur du monde et de ses jugements :

• « Lorsqu’on vous traduira devant les synagogues, les puissances, les autorités, avait déclaré Jésus à ses disciples, ne vous tourmentez pas pour savoir comment vous défendre, ou comment parler, car l’Esprit-Saint vous enseignera à cette heure même, ce qu’il faudra dire. »

Il nous libère même, de la peur du prince de ce monde, car le défenseur, nous promet Jésus, sera pour toujours avec vous. Certes, l’accusateur, comme l’appelle l’Apocalypse, l’accusateur, Satan, est toujours là aussi pour, justement nous accuser, le diable qui essaie sans cesse de nous tromper et/ou de nous décourager. C’est pourquoi on l’appelle l’accusateur : « T’es mauvais, tu n’arrives pas, tu n’y arriveras pas », voilà le langage de l’adversaire. Mais non :

• «  Le défenseur sera pour toujours avec vous », nous promet Jésus.

Et St Jean lui aussi de nous dire que :

• « Celui qui est en vous, Dieu, et donc l’Esprit-Saint, est plus grand que celui qui est dans le monde, le prince de ce monde. »

Et le chrétien, s’il vit vraiment dans l’intimité de l’Esprit-Saint, et du Fils, et du Père, est libéré de cette peur de l’adversaire. Et St Paul, à son tour, de s’écrier :

• « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » dans cette même lettre aux Romains.

Dans la deuxième lecture encore, St Paul nous révèle aussi, que l’Esprit-Saint nous libère d’une vie sous l’emprise de la chair, c’est-à-dire, d’une vie centrée sur soi, une vie qui met Dieu entre parenthèses, d’une vie esclave de l’égoïsme et autres péchés. Il nous apprend à nous laisser conduire par Lui, à nous décentrer de nous-mêmes pour vivre, dans le service et l’amour des autres, selon l’exemple et le commandement de Jésus. Et c’est bien ce qu’ont vécu aussi les apôtres, en ce jour de Pentecôte, libérés de leur peur par le Saint-Esprit, ils sortent de leur repliement et proclament à tous les merveilles du salut.

La prière eucharistique, j’aime bien cette prière, il nous est dit de demander pour nous :

• « Envoyez l’Esprit-Saint afin que notre vie ne soit plus à nous-mêmes, mais à Lui, le Christ qui est mort et ressuscité pour nous. Tu as envoyé pour nous Père l’Esprit-Saint. »

Oui, pour nous sortir de nos repliements, libérés d’une vie sous l’emprise de la chair et conduits par l’Esprit, nous sommes aussi libérés de la peur de la mort, car nous dit encore St Paul :

• « Si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts vit en vous, celui qui a ressuscité Jésus le Christ d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. »

C’est la conviction de tous les saints, voilà, qui attendent la mort, qui l’attendent comme une rencontre, qui la vivent comme une rencontre, une entrée dans la vie.

Je termine alors par ces mots de St Paul aux Galates :

• « C’est pour que nous soyons vraiment libres que le Christ nous a libérés. »

Et Il nous libère encore une fois, par cette action de l’Esprit-Saint en nous :

• « Alors, tenez bon, dit-il aux Galates, et ne vous laissez pas remettre sous le joug de l’esclavage. »

Ne nous laissons pas, pour plagier notre Pape François, ne nous laissons pas voler la liberté des enfants de Dieu, ne nous laissons pas voler l’espérance.

AMEN